Vie de Denon

Diaporama sur la vie de Denon

Article Wikipedia sur Dominique Vivant Denon

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Biographie 1
Acte de baptème de Dominique Vivant Denon

Dominique VIVANT DENON

1747 Origines

Dominique Vivant Denon voit le jour à Chalon sur Saône le 4 janvier 1747. Il fut baptisé le 5 janvier en l’église Saint Georges de Chalon (aujourd’hui détruite). Son parrain fut Dominique Boisserand, son grand père maternel ; sa marraine Reine Jolivot, sa grand mère paternelle, tous deux résidant rue Saint Georges.

Son père, Vivant Denon, épousa le 25 janvier 1746 Nicole-Marie Boisserand ; de leur union naquit Dominique, puis, le 13 juin 1756, Catherine, baptisée le 14 juin, elle aussi en l’église Saint Georges de Chalon.

Les parents de Dominique Vivant Denon appartenaient à la bourgeoisie aisée de Chalon (son père prit en 1744 le qualificatif d’« écuyer ») et disposaient d’une fortune importante constituée de rentes, d’immeubles à Chalon et de propriétés foncières à Lans, Granges, Givry, Buxy et Dracy. Le 19 février 1750, le père de Dominique fit l’acquisition d’une propriété située rue Saint Georges à Chalon qui comprenait 2 maisons, dont il fit sa résidence principale ; c’est dans l’une d’elles qu’il aménagea un salon de style rocaille avec sept toiles encastrées représentant : l’astronomie, la géométrie, la géographie, la peinture, la danse, la musique et la sculpture ; cette dernière allégorie est une copie d’une œuvre de Carle Van Loo créée en 1752 pour le Château de Bellevue, appartenant à la marquise de Pompadour. 

1764 Versailles

Vers 1764, Dominique Vivant Denon gagne Paris en compagnie de son précepteur l’abbé Claude Alexandre-J Buisson.

Il entre en relation avec le peintre Noël Hallé qui lui enseigne le dessin ; cette formation lui permet d’être qualifié d’« amateur accompli ». En outre, celui-ci lui permet de se faire de hautes relations parmi les propres mécènes du peintre, dont Jean Joseph de Laborde, conseiller du Roi et Etienne-Michel Bouret, fermier général, cousin par alliance du marquis de Marigny (frère de la marquise de Pompadour).

Vivant Denon se lie d’amitié avec Jean- Benjamin de Laborde (né en 1734), cousin de Jean Joseph, écrivain et compositeur, fils du fermier général Jean-François de Laborde et de son épouse, marraine du marquis de Marigny.

Le 10 mai 1768 Denon est nommé « gentilhomme ordinaire du ROI ». Un brevet de retenue indique que Sa Majesté le roi Louis XV « l’a retenu et retient en l’état et charge de l’un de ses Gentilhommes ordinaires vacante par la démission du sieur Denis Malbran de la Noue, dernier possesseur d’icelle, pour ledit Sieur Denon l’avoir et exercer, en jouir et user aux honneurs, autorités, prérogatives, prééminences, privilèges, franchises, libertés, gages, droits, revenus et émoluments accoutumés et y appartenant, tels et semblables qu’en a joui ou dû jouir ledit sieur La Noue… » Les raisons invoquées pour cette nomination sont la bonne conduite et les qualités de Denon.

Vivant Denon s’adonne à la littérature. Le 14 Juin 1769 il fait jouer à la Comédie Française une pièce en prose en trois actes :   Julie , un drame bourgeois très empreint des théories de Rousseau et inspiré d’un conte écrit par Nicolas Bricaire de la Dixmerie, dont le thème est celui du mariage contrarié, mais dont la fin est heureuse. C’est aussi l’apologie de la vie à la campagne. Denon avait certainement écrit cette pièce à l’intention de Molé, acteur célèbre, et de deux jeunes actrices Mesdemoiselles Doligny et Fanier. D’abord refusée, elle aurait été acceptée sur l’intervention de Mole à qui Denon aurait abandonné ses droits et sur celle de Dorat, ami de Denon et amant de Melle Fanier.

Dix représentations seront données entre le 14 juin et le 12 juillet, couplées avec d’autres pièces de Dancourt, Voltaire, Molière, Marivaux, et seront jouées devant 5965 spectateurs.

1772 Mission diplomatique à St Petersbourg

En juillet 1772 Denon part pour la Russie en qualité de « Gentilhomme d’Ambassade ».

Après l’amélioration des relations entre la France et la Russie, Louis XV envoie un ministre plénipotentiaire avec un personnel nouveau dont Denon fait partie. Le nouvel ambassadeur avait pour mission de rétablir des relations entre les deux pays mais aussi de tenir au courant la France des intrigues de la cour. Denon, homme du monde et observateur de talent, devient ainsi un informateur idéal, spirituel et d’un contact agréable, en particulier avec les dames, il put ainsi recueillir les informations dont le ministre des affaires étrangères, le duc d’Aiguillon, avait besoin ; à partir de 1773 la correspondance diplomatique cite souvent Denon en de nombreux éloges.

 L’arrivée de Diderot à la cour de Russie depuis le 28 septembre 1773 suscitait de nombreuses interrogations. Que venait faire Diderot ? Après avoir publié à La Haye un texte contre la France et dédié à l’Impératrice de Russie, Denon - diplomate stagiaire peu en vue - est le personnage idéal pour espionner le Philosophe et par une lettre de Novembre 1773 l’ambassadeur fait connaître au ministre des Affaires Etrangères l’amélioration de ses relations avec Diderot et le 4 mars 1774 il écrivait au duc d’Aiguillon « … M. Diderot est chargé de remettre à M. de Noailles un paquet qui contient plusieurs états relatifs au commerce de la Russie et une carte de la mer Noire d’autant plus intéressante qu’ on y a désigné les forteresses à créer à l’embouchure du Don… Je dois à Monsieur Denon, dont les talents et l’activité se portent sur tous les objets qui peuvent le rendre utile, la copie de cette carte qui a été faite nouvellement par ordre du Gouvernement et qui nous a été livrée par les officiers employés à sonder la mer… ».

Le ministre par une lettre du 30 mars 1774 faisait à nouveau l’éloge de Denon en ces termes « je serai bien aise de voir la carte que vous avez chargé M. Diderot de remettre à M. de Noailles. On sait gré à M. Denon du zèle dont il a trouvé cette occasion de donner les preuves ». 

Mais le 11 mai 1774 arrive l’incident qui conduira au départ de Denon.

Nous rapportons une note du 16 mai pour le ministre plénipotentiaire de France.

« Le 11 de ce mois à 8h, il s ‘arrêta deux carrosses devant la maison du Corps. L’un était à vide et dans l’autre était M. de Langeac et M. Denon avec un troisième. Tous les trois ayant mis pied à terre s‘avancèrent sous les fenêtres du comptoir de la direction des spectacles où était tenue aux arrêts la comédienne Dorseville pour lors assise sur la fenêtre. Ces cavaliers s’étant entretenus un instant avec elle, la comédienne se laissa descendre de la fenêtre ; ils la reçurent, la mirent en carrosse et ordonnèrent au cocher de partir…

Les soldats auraient fait un mauvais parti à MM. De Langeac et Denon et les auraient arrêtés et mis en prison s’ils n’avaient pas vu s’intéresser à eux le Comte Razoumowsky, gentilhomme de la Chambre de l’Impératrice, qu’ils reconnurent et par égard pour lequel ils laissèrent retirer tranquillement ces deux messieurs…

Sa Majesté Impériale aurait été en droit d’ordonner de mettre en prison le sieur de Langeac qui n’est connu en Russie que comme particulier voyageur, et de faire transporter sous garde jusqu’à la frontière le sieur Denon, connu pour attaché à la Légation de France et étant sous la protection du droit des gens. Mais par considération pour la Cour de France, elle a bien voulu ne point faire traiter les choses à la rigueur et se borner à ordonner à son Ministère de requérir de M. Durand (ambassadeur) qu’il fasse partir incessamment de Russie les sieurs de Langeac et Denon …

Fait à St-Pétersbourg le 16 mai 1774 ».

Denon quitte la Russie et gagne Copenhague où l’ambassadeur de France en Suède , le comte de Vergennes, nommé le 6 juin Ministre des Affaires Etrangères en remplacement du duc d’Aiguillon le ramène en France

1775    Mission en SUISSE

De retour en France, DENON part en voyage en Suisse. Selon La Fizelière, il lui est confié une mission ultra secrète et extra officielle auprès des cantons suisses. Il rapporte que « Denon part muni de l’attirail du dessinateur, comme un peintre en quête de sites pittoresques. Selon lui cette mission exigeait de la discrétion, de la finesse , du sang-froid, de la rondeur et par dessus tout l ‘apparence d’un voyage entrepris pour tout autre objet qu’un voyage diplomatique ».

Des négociations devaient s’ouvrir entre les cantons suisses et la France pour le renouvellement du traité de 1715, ce sera le traité de SOLEURE qui sera signé en 1777.

 En Suisse Denon dessine, on lui doit 2 dessins connus, signés et datés d’avril et de juin 1775 représentant un paysan et une paysanne suisses.

Mais une autre hypothèse pourrait être envisagée, celle d’une mission confiée par de Laborde à son ami Denon pour y préparer un « voyage pittoresque » comme celui qui aura lieu quelques années après en Italie.

 Le 3 juillet 1775 DENON est à Genève, il adresse de cette ville une lettre à Voltaire, l’ermite de Ferney, rédigée ainsi :

« J’ai un désir infini de vous rendre mon hommage. Vous pouvez être malade, et c’est ce que je crains. Je sens aussi que souvent il faut que vous veuillez l’être et c’est ce que je ne veux pas aujourd’hui. Je suis gentilhomme ordinaire du Roi et vous savez mieux que personne qu’on ne nous refuse jamais la porte. Je réclame donc tout privilège pour faire ouvrir les battants… »

Voltaire accepte de le recevoir. Denon s’y rendra entre le 3 et le 5. C’est à cette occasion qu’il aurait esquissé le fameux dessin qui sera gravé par Née et Masquelier sous le titre « Le déjeuné de Ferney » où l’on voit Voltaire caricaturé d’une façon quelque peu grotesque en compagnie d’un abbé, de Mme Denis et de Laborde, précisant que ce document a été confectionné « d’après nature le 4 juillet 1775 à Ferney ». La gravure connaît un très grand succès dans les salons parisiens. Voltaire s’en trouva très irrité, il s’en suivra un échange de lettres très caustiques entre les intéressés. Denon fait en février 1776 une réponse d’excuses ambiguës qu’il termine par « mon respectable camarade, Votre très humble et très obéissant serviteur ». L’incident bénéficiera à Denon dont la notoriété sera grandissante.

En 1777, dans les mélanges littéraires du journal des dames paraît un conte libertin Point de lendemain suivi de la signature M.D.G.O.D.R ; le rédacteur de cette publication n’est autre que Joseph Dorat, ami de Denon qui l’avait aidé à faire jouer  Julie . En 1780 à la mort de Dorat, l’éditeur Delalain publie une édition complète des œuvres de Dorat où figure la nouvelle de Denon, créant ainsi l’ambiguïté sur l’auteur que Denon ne rectifiera pas ; il est vrai, comme nous le verrons, qu’à cette époque il occupe des fonctions officielles comme secrétaire d’ambassade et que ce texte licencieux n’eût pas été à l’avantage de son auteur.

1777 Voyage en ITALIE et SICILE

Benjamin de Laborde et Jean-Claude Richard, abbé de Saint-Non sont les instigateurs d’un vaste projet, celui de la publication d’un récit de voyage en Italie du sud.

Laborde proposa son ami Denon « amateur de tous les arts, dessinant comme un professeur, rempli de goût, d’esprit et de talent » pour cette mission, celui-ci était chargé « de présider aux travaux des dessinateurs et de décrire ensuite tous les objets qui lui paraîtraient dignes de l’être »..

L’expédition partit de Lyon le 24 octobre 1777, le 4 novembre elle quittait Marseille sur une « tartane », abordait le 6 La Ciotat , finissait par débarquer à Telamone et le voyage se poursuivait à Civita Vecchia, puis à Rome et enfin Naples le 30 novembre.

Les 4 hommes entament leur expédition et quittent Naples le 10 avril 1778, après avoir fait l’ascension du Vésuve et visité Herculanum, Pompéi, Capri, Pouzzoles, les Solfatares. Ils se dirigent vers la mer Adriatique qu’ils atteignent à Monte san Angelo, puis longent la côte et passent par Bari puis par Gallipoli et Otrante, avant de gagner Métaponte et Crotone pour arriver à Reggio de Calabre.

Le 2 mai 1778 l’expédition, à laquelle se sont joints le peintre Fragonard et le géologue Dolomieu, débarque à Messine et fait le tour de la Sicile en passant par Taormine, Catane, Enna, Palerme, Trapani, Marsala, Agrigente puis Alicata d’où ils s’embarquent le 4 septembre à destination de Malte. Elle en repartira le 17 pour débarquer à Syracuse où ils seront soumis à quarantaine durant 28 jours. Leur parcours les amène à Ispica avant de regagner Catane puis Messine.

Le 26 novembre ils s’embarquent pour gagner par mer Tropea puis, longeant la côte Tyrrhénienne par la route terrestre, ils passent par Paestum avant de regagner Naples après un voyage de 9 mois.

En 1786 paraîtra le dernier des 5 volumes du  voyage pittoresque de Naples et de Sicile  de Jean Baptiste Claude Richard, abbé de Saint Non, éliminant en fait la participation active de Denon, qui en fut très mécontent. Par ailleurs Laborde dont on connaît le désaccord avec Saint Non traduisait et publiait le 15 février 1787 un « voyage de Swinburne » dans lequel se trouvait de larges extraits du Journal de Denon, celui-ci ne réagira pas et c’est le 17 décembre 1788 qu’il publiera un « voyage en Sicile , par M. de Non, Gentilhomme ordinaire du roi et de l’Académie royale de peinture et sculpture », qui n’était autre que le volume publié l’année précédente sous couvert de Swinburne.

1779 Mission diplomatique à Naples

Nous avons laissé Denon à Naples de retour de son voyage en Calabre et Sicile. Fréquentant les salons napolitains, il est nommé le 6 février conseiller d’ambassade, le marquis de Clermont d’Amboise, ambassadeur du Roi à Naples , séduit par Denon, écrit à Versailles pour demander la nomination de celui ci au poste de secrétaire d’ambassade.

Denon, outre ses fonctions diplomatiques, s’intéresse à l’art, il dessine et grave, copie les maîtres anciens, et par dessus tout s’intéresse aux antiquités et acquiert de nombreux objets.

En 1781 Denon s’ennuie dans ses fonctions et le 17 mars 1781 il écrit « Naples me deviendrait bien vite insupportable si l’oubli m’en faisait un exil qui me séparât de ceux que j’estime et que j’aime ». La mère de Denon décède le 13 août 1781. Le 11 décembre à Chalon, naît  son neveu Dominique-Vivant Brunet, dont il sera le parrain.

En 1782 le marquis de Clermont d’Amboise est rappelé à Paris « M.Denon secrétaire d’ambassade de M. le ministre de Clermont restera chargé des affaires pendant l’absence de cet ambassadeur. Denon adresse à Versailles un courrier diplomatique abondant dans lequel il évoque les mœurs dissolues de la cour et en particulier celles de la reine Marie Caroline (sœur de la reine de France).

Le 14 mars 1783 « Monsieur Denon, gentilhomme ordinaire du Roi, capitaine d’infanterie et chargé des affaires de France à Naples. » est admis à l’Accademia del Designo de Florence.

Le 13 janvier 1784 le baron de Talleyrand est nommé ambassadeur à Naples, mais ne rejoignit pas son poste dans l’immédiat

Enfin en avril 1785 la mission de Denon va se terminer, la Reine de Naples lui fait don selon la coutume d’une tabatière en or et d’une bague avec son chiffre entouré de brillants. 

Le 10 juillet 1785 le père de Denon décède à Chalon, mais celui ci dut attendre l’arrivée de Talleyrand et ne put quitter son poste que le 27 juillet pour arriver le 10 août à Chalon.

Le décret royal du 2 octobre 1785 est pris en ces termes :

« Le sieur Denon, capitaine d’infanterie, a été employé pour le service du Roi dans les cours étrangères pendant près de 9 ans, savoir environ 18 mois en Russie sous les ordres de feu M.Durand, alors ministre de sa majesté à cette cour et 7 ans à celle de Naples. Dans cette dernière cour il a rempli d’abord les fonctions de secrétaire d’ambassade pendant la résidence de M.Clermont d’Amboise et ensuite celles de Chargé d’Affaires depuis le retour de cet ambassadeur en 1782, jusque vers le mois de juin dernier, où le baron de Talleyrand , son successeur, est arrivé à Naples. 

Le 31 mars 1787 Denon est agréé à l’Académie en qualité de graveur, ayant bénéficié de solides recommandations… il sera reçu le 28 juillet avec une eau forte « l’Adoration des bergers » d’après Luca Giordano, il expose au Salon 5 gravures

  • Séjour à Venise 

Le 26 avril, il prend congé de l’Académie et le 11 mai obtient un passeport pour l’Italie, il quitte Paris au mois de juin et parcourt la Lombardie, visite Turin et Parme, il arrive à Venise en juillet et s’y installe. Il s’adonne au dessin et à la peinture ainsi qu’à la gravure, il a quelques élèves à qui il enseigne cet art. Dès son arrivée, Denon fréquente la société diplomatique et aristocratique de la « Sérénissime ». Il est introduit dans le salon d’Elisabetta Teotochi Marini par Angelo Querini, homme politique et franc-maçon. A partir du 4 novembre commence avec Elisabetta appelée communément « Isabella » par Denon, une longue correspondance qui ne se terminera qu’à la mort de celui-ci.

Le 19 Avril 1789 Denon est reçu académicien d’honneur à l’Accademia Clementina de Bologne.

Il va effectuer à partir de cette époque de nombreux déplacements dans cette région d’Italie que nous pouvons suivre par sa correspondance avec Isabella ; certains passages laissent supposer que Denon était investi d’une mission, il se rend à Ferrare puis à Bologne.

Le 31 août 1789,Denon est à Florence , il dessine aux Offices et chez le Cardinal Loménie de Brienne.

Le 12 août 1790 Denon est interrogé par les inquisiteurs car les Français avec leurs idées libérales sont suspects au gouvernement vénitien. Il déclare se consacrer uniquement à la gravure « Et j’aime tant la paix et l’étude des arts que j’enseigne pour rien la gravure à deux jeunes gens, Francesco Novelli et Constantin Cumano qui réussissent à merveille ».

A partir de cette date Denon sera constamment surveillé par les informateurs de l’inquisition.

Il est élu le 28 août membre d’honneur de l’Académie des Beaux Arts de Venise.

Si l’on en croit Amaury Duval dans  Monument des arts du dessin  publié après la mort de Denon c’est à cette époque qu’il aurait acquis la fameuse collection Zanetti, une des plus grandes collections de dessins de l’époque.

Le 17 mai 1792 Madame Vigée Lebrun en Italie depuis 1789, arrive à Venise et Denon la présentera à Isabella, celle-ci lui prêtera Denon pour lui servir de « cicerone » ; elle en fut charmée.

Le 24 mars 1793 Denon se présente au secrétaire de l’Inquisition pour manifester ses sentiments royalistes et dire son intention de s’installer définitivement à Venise. Le 14 juillet il reçoit l’ordre du gouvernement de Venise de quitter Venise et le 15 juillet il est à Padoue puis gagne Bologne le 18 pour arriver à Florence le 21 juillet mais l’Angleterre oblige le grand duc de Toscane à expulser tous les Français, il y demeurera toutefois jusqu’au 26 octobre, logeant à proximité des Offices où il dessine et grave.

Le 21 octobre « risquant d’être dénoncé comme émigré » il demande son passeport pour se rendre à Bologne où il espère que le Grand-Duc lui permettra d’attendre quelques jours, il quitte Florence le 26, passe par Bologne le 28 puis se rend en Suisse.

1793 Retour en France

Arrivé à Coire le 24 novembre, nouvelle lettre dans laquelle il mentionne l’article de la gazette de Lugano « ceux qui sont dehors de France et ne sont pas rentrés depuis avant même la Révolution sont regardés comme émigrés » il envisage de gagner Baden où il espère obtenir un passeport pour regagner la France.

Le 29 novembre il est à Baden. Il obtint vraisemblablement la pièce auprès de l’ambassadeur Barthélémy, neveu de J.J. Barthélémy écrivain, numismate et archéologue, car il est à Bâle le 2 décembre tout près du théâtre de la guerre.

Le 10 décembre Denon arrive à Paris « J’ai trouvé une partie de mes biens séquestrés, mais j’aurai bientôt réparé à cela et dans quelques jours je serai dans le cas de reprendre mes occupations favorites ce que j’avais ici et qui allait être vendu si j’arrivais six jours plus tard ».Jusqu’à ce jour, Denon habitait chez N.C.Aubert, un ami et collaborateur, qui l’accompagna à Naples puis à Venise, mais celui-ci est rentré en France en 1789, où il accueillera Denon. Le 3 mars DENON déménage en emmenant Aubert et sa femme à l’hôtel Bullion, rue Jean jacques Rousseau, hôtel partiellement affecté aux ventes mobilières. 

Le 14 mai le comité de salut public décide la création pour ses représentants de costumes officiels, le projet est confié à David qui exécute 8 dessins, dont Denon va réaliser les gravures, il fait travailler 20 personnes sur cette commande, il produira le 24 octobre 27 809 gravures en couleur et 20 160 au trait ; pour ce travail il dispose de 7 presses.

Le 29 juin 1794, protégé par David, Denon est rayé de la liste des émigrés. Mais il n’a pas retrouvé la totalité de ses biens. Il devra attendre le 15 octobre pour obtenir la restitution de ses vignes de Givry et Bourgneuf.

Le 21 octobre Denon projette un voyage en Bourgogne qu’il réalisera le 25.

La situation en France se détériore, les assignats ne valent plus rien. Dans toute la correspondance que Denon adresse à Isabella, il lui fait part des difficultés financières qui sont les siennes, de la flambée des prix et de la diminution de ses rentes. Il s’adonne en outre au commerce d’œuvres d’art et achète des estampes et des tableaux qu’il revend « C’est avec ces manières là que le peu d’assignats que j’ai eu ont conservé leur valeur et ne sont tombés à 200 fois au dessous et sans quoi je ne saurais comment manger depuis 6 mois que mes rentes sont nulles ». ( 25 janvier 1796). 

Au Salon, Denon expose 3 gravures : le Taureau (d’après Potter) un paysage (d’après Van der Velde) et l’adoration des bergers (d’après Carrache) ; dans une lettre du 25 juillet il écrivait à Isabella pour le lui annoncer et ajoutait « Tu seras aussi 2 fois au salon car j’y mettrai ton portrait par Mme Le Brun et une copie en miniature… »

Denon fréquente la nouvelle société et ses nouveaux héros. 

Par une lettre du 21 avril 1798, Denon annonce à Isabella son départ avec le Général Bonaparte : « Tu seras sans doute bien surprise que je pars pour je ne sais où. Mes liaisons (Joséphine ou Dolomieu ou Arnault) avec le Général Bonaparte m’ont fait engager dans l’expédition qu’il va faire ; j’y serai attaché à l’Etat Major. Mon absence ne durera que ce que durera la sienne. J’avais des besoins, cela les fera cesser…On dit que nous serons 6 mois dehors mais je compte un an… Tu n’as jamais été aimée en Egypte, hé bien, c’est peut être sur les Pyramides que je vais graver ton nom … » et le 5mai 1798 « cette lettre est la lettre de l’étrier, je pars tout à l’heure … Je t’assure que je t’aimerai dans les sables de l’Afrique si Bonaparte m’y mène, car je suis résolu de le suivre partout et de revenir avec lui . » Les allusions faites par Denon sur le lieu de l’expédition et la durée de son absence peuvent laisser supposer qu’il était dans la confidence, contrairement au corps expéditionnaire qui ignora sa destination jusqu’au dernier moment.

1798 EGYPTE

L’idée de la conquête de l’Egypte n’est pas nouvelle; en effet, en 1787 le duc de Lauzun écrivait au comte de Montmorin « L’Egypte a souvent fixé l’attention de M. de Choiseul. L’acquisition de ce superbe pays était son projet favori, le roman politique qui occupait le plus souvent ses rêveries »  et Talleyrand de rappeler « Dès 1769 M. le duc de Choiseul, un des hommes de notre siècle qui a eu le plus d’avenir dans l’esprit, cherchait à préparer par des négociations la cession de l’Egypte à la France, pour se trouver prêt à remplacer, par les mêmes productions et par un commerce plus étendu, les colonies américaines, le jour ou elles nous échapperaient »  et entre 1776 et 1778 la frégate l’Atalante, commandée par Tott, examina de très près les défenses du pays et les possibilités d’un débarquement.

A la valeur économique de cette expédition, s’ajoutait un intérêt stratégique, un rapport concluait  que « l’Egypte était la terre promise de la civilisation. Sa possession mettrait la France en état de dicter ses lois à toutes les nations ». 

Bonaparte, outre les 38000 hommes qui constituaient l’armée, emmène avec lui 180 membres savants composant la « commission d’Egypte ». Denon, avec ses 51 ans, est parmi les plus âgés.

C’était un vieux rêve que Denon réalisait « j’avais toute ma vie désiré de faire ce voyage ; mais le temps, qui use tout, avait usé aussi cette volonté. Lorsqu’il fut question de l’expédition qui devait nous rendre maître de cette contrée, la possibilité d’exécuter mon ancien projet en réveilla le désir » écrira-t-il dans l’ouvrage qu’il réalisera à son retour.

Denon fit le voyage de Paris à Lyon en voiture, puis embarqua  sur le Rhône jusqu’à Marseille et gagna Toulon le 13 mai ; le 14 mai  Denon embarque avec son neveu Vivant-Jean Brunet sur la frégate « La Junon ».

2 Juillet débarquement à Alexandrie. L’attaque reçoit une résistance implacable « Personne ne fuyait, il fallut tout tuer sur la brèche et 200 des nôtres y restèrent ».

21 juillet, bataille d’Embabeh  dite des Pyramides  et retraite de Mourad Bey en haute Egypte

Denon accompagne le général Menou à Rosette et dans le delta du Nil.

Le 1 août, Denon assiste à la destruction de la flotte française par la flotte anglaise à Aboukir.

22 août, Denon est nommé membre de l’institut d’Egypte créé par Bonaparte en tant que « littérateur ».

 Les membres de l’Institut qui n’étaient pas au Caire reçoivent l’ordre de s’y rendre, pour organiser les travaux et les séances de cette assemblée.

Le 17 octobre Denon fait une communication dans la séance de l’Institut, il s’agit d’un rapport sur un monument près du grand aqueduc du Caire ; ce sera la seule contribution de Denon à l’Institut.

 Mais une fois découverts les charmes de cette ville, Denon est impatient de découvrir autre chose : « J’étais fort bien au Caire ; mais ce n’était pas pour être bien au Caire que j’étais sorti de Paris… ». Il apprend qu’un convoi doit être envoyé à Desaix qui se trouve dans le sud ; Denon demande à Bonaparte l’autorisation de le rejoindre. La division quitte Benesouef vers le 16 décembre pour arriver  quelques jours plus tard sur les ruines de l’antique Oxyrinchus. Le 22 décembre, il passe vers Hermopolis : «  je brûlais d’aller à Hermopolis, où je savais qu’il y avait un portique célèbre…c’était le premier fruit de mes travaux ; en exceptant les pyramides, c’était le premier monument qui fût pour moi un type de l’antique architecture égyptienne »

Le 24 décembre 1798 la colonne arrive à Denderah et Denon est fasciné : « je n’aurais point l’expression pour rendre tout ce que j’éprouvai lorsque je fus sous le portique de Tintira ; je crus être, j’étais réellement dans le sanctuaire des arts et de la science.. » 

Denon découvre les plafonds ornés de systèmes planétaires , de zodiaques et de planisphères célestes . Le 26 décembre il découvre l’antique Thèbes « aux 100 portes » décrites par Homère « l’armée s’arrêta d’elle même, et, par un mouvement spontané, battit des mains, comme si l’occupation des restes de cette capitale eût été le but de ses travaux glorieux, eût complété la conquête de l’Egypte. Je fis un dessin,. et je trouvai dans le complaisant enthousiasme des soldats des genoux pour me servir de table, des corps pour me donner de l’ombre… »

Denon  aperçoit dans la plaine les colosses de Memnon, il s’arrête pour les dessiner. Le 29 décembre il arrive à Esné (ancienne Latopolis) il y remarque le portique du temple avec ses 18 colonnes à chapiteaux évasés, et le 30 il trouve les ruines d’Hériacompolis qu’il dessine : «je dessinai ce que je pus de ces ruines presque effacées, je m’y suis représenté avec toute ma suite et dans le délabrement où m’avaient réduit les fatigues de la route ». Enfin ils arrivent à Assouan et traversent le Nil le 2 janvier 1799, le séjour sera plus long car les mamelouks se sont repliés au-delà des cataractes; il visite l’île Eléphantine ou il découvre le nilomètre décrit par Strabon.

Denon découvre les superbes monuments de l’île de Philae : « seul enfin, et jouissant à mon aise je me mis à faire la carte de l’île et le plan des édifices dont elle était couverte.. ..Je la quittai les yeux fatigués de tant d’objets, et l’âme remplie des souvenirs qui y étaient attachés ; j’en partis à la nuit fermée, chargé de mon butin.. »

Le 24 février la colonne quitte Assouan, Denon redescend le Nil en barque.

Le 10 février Bonaparte quitte le Caire avec une armée pour la Syrie, le 7 mars a lieu  l’assaut de Jaffa.

Du 8 au 10 mars (19 ventôse) a lieu la bataille de Benhoute : « la mort planait autour de moi ; je la voyais à tout moment ; dans l’espace de 10 minutes que nous fûmes arrêtés, trois personnes furent tuées pendant que je leur parlais… ». Le combat dura deux jours, les pertes furent importantes.

Denon séjourne sur les bords du Nil, il rencontre 8 membres de la commission des arts sous les ordres de l’ingénieur Girard dont la mission est d’étudier les régimes du Nil en Haute Egypte ce qui permet à Denon, en les accompagnant, de retourner à Dendhera. et revoici Denon à Karnak et à Louxor puis à Esné et Edfu (pour la 3ème fois). Le 8 juillet la mission se retrouve à Thèbes, revois Médinet-Abou, le Memnonium, les Colosses et la vallée des Rois. Denon visite 8 sépultures dont il décrit  la décoration intérieure, mais il ne se contente pas de dessiner, en bon collectionneur, il se sert sans vergogne : « J’observais tout ce que je rencontrais, et je mettais dans mes poches tout ce que je trouvais de fragments portatifs. ..la charmante petite patère en terre cuite..  des figurines de divinité en bois de sycomore, ….des cheveux fins, lisses et blonds, un petit pied de momie… c’était sans doute le pied d’une jeune femme, d’une princesse… »  on lui offre  un papyrus «  quelques heures après je fus nanti de la preuve de ma découverte par la possession d’un manuscrit même que je trouvai dans la main même d’une superbe momie qu’on m’apporta, … j’aperçus dans sa main droite et sous son bras gauche le manuscrit de papyrus en rouleau, que je n’aurais peut-être jamais vu sans cette violation … ».

Denon se rend compte que le village est construit sur les tombeaux, que les habitants les considèrent comme leur propriété et que c’est devenu pour eux une source de commerce exclusive, ce qui ne l’empêche nullement de continuer ses prospections : « .. des corps emmaillotés et sans caisse étaient posés sur le sol, et il y en avait autant que l’espace pouvait en contenir dans un ordre régulier : je vis là pourquoi on trouvait si fréquemment de petites figurines de terre vernissée… j’en remplis mes poches en les ramassant à la poignée…. Je rapportai une tête de vieille femme qui était aussi belle  que celles des Sibylles de Michel Ange… 

Denon embarque le 3 août 1799 et descend le Nil en revoyant les paysages et les sites qu’il avait dessinés depuis des mois et arrive au Caire « j’étais le membre de l’institut qui le premier fût revenu de la Haute Egypte ; mes confrères m’entouraient, me pressaient de questions : ma première jouissance fut de me voir ainsi l’objet de leur avide curiosité… je me proposais de rédiger mon voyage sous leurs yeux… mais les évènements en disposèrent autrement… ».

En effet Mourad-bey  occupait le général en chef, lorsque celui-ci apprit « …qu’une flotte turque de 200 voiles avait paru devant Aboukir.. ».  Bonaparte se dirige immédiatement avec une armée sur Birket pour y prendre position et sur Alexandrie pour en préparer la défense et  la bataille a lieu le 25 juillet 1799, alors que Denon n’est pas encore de retour au Caire, la défaite de l’armée turque permet ainsi à Bonaparte de quitter l’Egypte sur une victoire.

Mais déjà la propagande s’organise : « Bonaparte m’ordonna de dessiner la bataille, et je me trouvai heureux de pouvoir donner une image vraie (sic) du théâtre de sa gloire… ».

« De retour au Caire, Bonaparte examina attentivement tous les dessins que j’avais rapportés ; il jugea que ma mission était achevée, me proposa de partir…Le général Berthier… me rendit mon neveu pour mon retour… ».

Le 23 août Denon embarque « à 1heure de nuit » sur une des 2 frégates qui ramène Bonaparte en France, le périple se passe sans encombre et à la barbe des Anglais, les bateaux font escale en Corse durant quelques jours puis arrivent à Fréjus le 9 octobre 1799. Bonaparte procède immédiatement à la dissolution du Directoire et établit un Consulat composé de Ducros, Sieyès et lui-même...

Denon, remontant sur Paris, s’arrête à Chalon le 25 octobre, il profite de ce séjour pour donner un pouvoir de gestion de ses biens à son beau-frère Brunet. Denon, bien que totalement démuni, envisage de publier son voyage, aussi propose-t-il au gouvernement de lui vendre le manuscrit qu’il a rapporté d ‘Egypte.

Le 3 décembre il écrit sa première lettre à Isabelle depuis son retour, il lui dit avoir rapporté un portefeuille de dessins (plus de 300) et il ajoute «  il me reste à graver et à faire graver mon voyage. J’ai demeuré , ou pour mieux dire croisé, un an dans la haute Egypte, j’ai remonté à 2 journées au-delà des cataractes… ». 

 1800 Edition du voyage en Egypte

Comme pour s’excuser d’avoir doublé ses confrères de l’Institut restés en Egypte, Denon écrit « J’ignorais s’ils avaient pu effectuer dans la Haute Egypte le voyage ordonné par Bonaparte avant son départ…je ne pouvais donc sans une espèce d’injustice ravir à mes concitoyens ces nombreux fruits de mes recherches et de mes pénibles travaux… »

Denon se met aussitôt à son ouvrage qui sera Le Voyage dans la Basse et la Haute Egypte pendant les campagnes du Général Bonaparte. Il lancera une souscription pour la première édition de 1802, à laquelle un certain nombre de grands de ce monde répondra. Bonaparte en souscrira 46 exemplaires mais aussi les 2 autres consuls, tous les ministres, l’empereur d’Allemagne, celui de Russie, les rois et reines d’Espagne, de Prusse, de Naples, la princesse Palatine, les Princes de Pologne, de Hesse, de Dassau, les Princes Lobkwitz et Schwarzenberg, de nombreux ambassadeurs et 252 personnalités françaises et étrangères ainsi que des bibliothèques et des libraires.

Mais le travail est considérable et sa réalisation nécessite de nombreux collaborateurs ( la plupart des planches sont faites par 25 graveurs différents, Denon se réservant, comme il le précisera, les têtes de personnages «.. ces têtes dessinées rapidement et sans avoir fait poser les personnages, ont conservé la naïveté du caractère, qu’elles auraient peut être perdu en acquérant plus de fini ; la difficulté de lire dans de si légères esquisses, à qui n’a pas vu les modèles, m’a déterminé à graver moi-même ces têtes avec la même liberté avec laquelle elles ont été dessinées... » il écrit à Isabella le 15 mars 1800 « J’ai plus de peine ici avec les graveurs que je n’en ai eu avec les Ethiopiens et les Arabes, ils me ruinent et ne me satisfont pas… ».

Le 18 avril 1802 l’ouvrage est enfin terminé il comporte 2 grands ouvrages in-folio l’un ne comportant que les textes, l’autre, les 141 planches ; il paraît en mai chez P.Didot l’Ainé à Paris aux Galeries du Louvre N°3. Denon le dédie à Bonaparte « Joindre l’éclat de votre nom à la splendeur des monuments d’Egypte, c’est rattacher les fastes glorieux de notre siècle aux temps fabuleux de l’histoire; c’est réchauffer les cendres des Sésostris et des Mendès, comme vous conquérants, comme vous bienfaiteurs. L’Europe, en apprenant que je vous accompagnais dans l’une de vos plus mémorables Expéditions recevra mon ouvrage avec un avide intérêt... Je n’ai rien négligé pour le rendre digne du héros à qui je voulais l’offrir ».

Il y ajoute une préface, un index des planches et du journal et la liste des noms des souscripteurs pour l’édition in-folio.

La même année l’édition paraît chez Peltier à Londres et une traduction par Aikin, Blagdon et Kendal à Londres, en France paraît une adaptation chez Legrand.

En 1803, l’ouvrage est traduit en allemand par Tiedemann à Berlin et en néerlandais à La Haye, ainsi qu’une traduction en anglais par Aikin à New York.

Enfin en 1804 en danois par Munk à Copenhague.

1800

Le 16 juillet Bonaparte ordonne la réalisation de peintures pour marquer ses victoires ; entre autres celle des Pyramides et d’Aboukir, Denon est invité à donner des indications aux peintres. Le 7 novembre il est présent au musée central des Arts lorsque Bonaparte l’inaugure.

En 1801, les 23 et 24 février, à la vente Tolozan, Denon achète des tableaux des écoles du Nord, les 23 et 24 mars, à la vente Tronchin, il acquiert 2 œuvres et les 11 et 18 mai il fait l’acquisition d’un tableau de Van Loo ainsi qu’une statuette d’Ottheinrich et de nombreux objets, meubles et porcelaines à la vente Robit.

En 1802 Denon doit expertiser pour le gouvernement une collection de vases étrusques

Les 27 et 28 juin il reçoit la visite de Maria Cosway. et le 4 octobre celle du peintre Farinton.

 Les 19 et 29 juillet il achète un tableau de Both et un de Miel à la vente Montaleau. Le 30, Denon rapporte à Isabelle quelques ragots sur leurs connaissances et mentionne qu’il va souvent à la Malmaison «...Je n’y joue point la comédie, je ne la joue plus du tout. J’ai pris ma retraite et vis sur ma réputation... ».

Le 19 novembre Denon est nommé directeur général des Musées.

1803 Honneurs et responsabilité

Nous n’évoquerons pas les raisons qui ont amené Bonaparte à désigner Denon comme directeur général des musées sous l’autorité du ministre de l’intérieur; nous indiquerons simplement qu’après le refus de David, le peintre le plus prestigieux, qui aurait désiré être ministre de la culture et vraisemblablement celui de Canova le célèbre sculpteur, c’est sur Denon que le premier consul a fixé son choix.

La correspondance de Denon, directeur des Musées sous le consulat et l’empire est importante, elle concerne toute l’activité d’un directeur des musées : commande d’œuvres, achats de tableaux et objets, nomination de personnel, comptabilité, répartition de tableaux dans les musées et palais, expertise, et organisation des Salons etc., soit 3705 lettres ou notes (elle a fait l’objet d’une publication par le Louvre).

1er Janvier Denon adresse une lettre au premier consul sur un commencement d’amènagement du Museum « …que cette opération porte déjà un caractère d’ordre, d’instruction et de classification. je continuerai dans ce même esprit pour toutes les écoles…. On pourra faire sans s’en apercevoir un cours historique de l’art de la peinture ».

Le 28 janvier Denon est nommé membre de l’Institut dans la 4ème classe de la 1ère section (peinture, Beaux Arts),il en sera président d’avril 1803 à septembre 1804..

En février-mars a lieu la publication du « catalogue des estampes gravées par le citoyen D. Vivant Denon, il est ajouté « membre de l’Institut national de France, de celui de Bologne, et des Académies des Arts de Florence et de Venise. Se vendent à la Chalcographie du Musée central des Arts, et chez le citoyen Aubourg, rue Christine, N°1 » Suivent la désignation des gravures et leur prix.

Le 31 mars il fait un rapport très circonstancié au premier consul sur l’état actuel de la monnaie des médailles que Denon va entièrement réorganiser afin que son rôle soit « d’ attester un fait, un événement, une époque ».

Le 17 mai, un logement lui est attribué au Louvre, et le 27 juillet il écrit à Isabelle « Je suis bien arrangé depuis quelques mois, un petit appartement charmant précède le plus riche de tous les trésors, le monument des monuments… ».

Le 14 juillet Denon annonce au premier consul l’arrivée de la Venus Médicis et propose la nouvelle dénomination du musée « ….Il y a une frise sur la porte qui attend une inscription, je crois que Musée Napoléon est la seule qui y convienne… ».

Le 1er octobre, lors de la séance publique de la classe des Beaux-Arts de l’Institut national, Denon lit son « Discours sur les monuments d’Antiquité arrivés d’Italie » dont fait partie la Vénus de Médicis du musée des Offices de Florence placée au musée central.

Le 18 décembre 1803 Denon est nommé chevalier, dans l’ordre de la Légion d’honneur et figure à la place 19 sur le grand livre juste après David.

Le 16 novembre 1803 dans une dernière lettre à Isabella, (leur correspondance paraît s’arrêter durant l’année 1804 à moins que le courrier de cette année reste à découvrir) Denon dévoile les sentiments profonds qu’ il a pour Bonaparte « C’est un astre brûlant qui ravive mon âme. Je suis tout fier de l’entendre et d’en être quelquefois écouté… ».

1804

Le 13 avril 1804 Denon est reçu comme membre non résident à l’Académie des sciences, arts et belles lettres de Dijon.

Le 10 juin, lettre au préfet du département de la Côte d’Or pour lui annoncer l’envoi à l’école de dessin de la ville de Dijon de « 5 belles copies d’après les grands maîtres, exécutées en Italie par les pensionnaires de l’école de France : «...l’on reconnaîtra dans le choix que j’ai fait pour elle ma partialité pour mon pays. L’école de Dijon a produit en si peu de temps un si grand nombre d’artistes distingués, qu’elle a prouvé que le bon goût était indigène en Bourgogne aussi bien que l’esprit. ».

Le 16 juin lettre à Napoléon à propos de la conception du sceau de l’Empire par la commission du Conseil d’Etat pour le sceau et le costume de l’Empereur « Sire, Votre Majesté nomme un conseiller d’Etat, elle en fait sans doute un homme considérable ; mais en faire un homme de goût, je vois que c’est là que fault sa toute puissance…………Si votre Majesté ne veut jamais apposer son sceau, si elle ne veut pas être habillée, ou si elle veut l’être ridiculement, il n’y a qu’à attendre la décision de la commission. »

Du 11 au 24 août Denon est à Boulogne où il organise la distribution des croix à l’armée.

Le 15 octobre Denon adresse à Napoléon un projet de règlement concernant le budget des musées et les achats d’œuvres d’art, il ajoute « …Je pense, Sire, que vous ne croirez pas que l’ambition ni l’intérêt personnel entrent pour rien dans aucune de mes raisons. J’ai fait tous mes efforts pour justifier votre choix, je chéris l’exercice de ma place parce qu’elle m’approche de votre personne……mais je la verrais passer sans regret à un autre, si plus de bienveillance de votre part le metoit dans le cas de l’exercer avec plus d’avantages. Pardon, Sire, si je vous parle de moi, c’est la première fois, ce sera la dernière. »

En décembre Denon est chargé des manufactures des Gobelins, de Sèvres et de la Savonnerie.

Le 2 décembre, a lieu le sacre de Napoléon, dont le décor est organisé par Denon. Cette année, Denon aurait fait l’acquisition du Gilles de Watteau pour la somme de 150 francs.

1805 Voyage mission en Italie 

Le 29 mars Denon reprend sa correspondance interrompue apparemment durant plus d’un an. Après avoir reçu un billet d’Isabella, il lui adresse une collection de médailles qu’il a fait frapper « c’est la dernière mode que j’aie donnée ; les artistes en ce genre mouraient de faim avant Bonaparte, je n’en ai pas assez maintenant pour fournir au service.

Le 20 avril à l’Empereur « J’ai reçu la lettre de M. le grand maréchal par laquelle il me transmet l’ordre de votre Majesté de me rendre à Milan par le Saint-Bernard….. » pendant son absence la direction du musée est confiée à Lavallée, le secrétaire général.

Il quitte Paris pour se rendre à Milan où aura lieu le couronnement de Napoléon le 26 mai.

Le 26 avril il adresse de Milan une missive à Isabella « … mais il faut que tu saches que lorsque j’épousai Bonaparte, je renonçai dès lors à choisir le moment de faire jamais ma volonté ».. et le 1er juillet, de Milan, il lui annonce sa visite. Il la retrouve du 16 juillet au 2 août à Terraglio dans la maison de campagne des Albrizzi.

Le 3 août il traverse Udine, passe à Trieste pour se rendre à Vienne le 16 août, et y restera jusqu’au 28, apparemment sa mission consiste à détecter des œuvres d’art susceptibles d’enrichir son musée.

Il est à Strasbourg du 19 octobre au 13 novembre, où il fait la connaissance de Benjamin Zix ; de cette ville Denon adresse à Napoléon l’inventaire des objets d’art que la France pourra exiger de Vienne lors de la signature du traité (bijoux, pierres gravées, sculptures, tableaux et trophées d’armes)..

Puis il se retrouve à Munich le 6 décembre et y séjournera jusqu’au milieu du mois de janvier; Denon sera le 2 décembre à Austerlitz lors de la victoire de Napoléon qui avait déjà remporté la bataille d’Ulm.

Vers le 12 janvier 1806 Denon va quitter Munich et se rend à Paris.

 

1806 - 1807 Années des Saisies

Le 28 il se voit confier par décret, l’illustration des campagnes d’Italie et d’Allemagne et le 1er mars l’ordre de suivre l’exécution des portraits des princesses et des statues des généraux.

Le 3 juin Denon adresse à Napoléon un inventaire des médailles fabriquées par la Monnaie et un état des « travaux ordonnés par sa majesté et dont la direction est commise au directeur général du musée Napoléon ».

Du 20 au 27 septembre a lieu le concours pour le prix de Rome. Denon participe au jury.

Avec le dessinateur Zix il repart pour suivre Napoléon dans ses campagnes. Le 17 il arrive à Weimar et demande à être logé chez Goethe, ici on connaissait Denon par son ouvrage « voyage en Egypte » dès 1802. Le 18 Goethe accueille Denon dans sa maison du Frauenplan, il écrira à son ami Knebel « Denon, directeur de tous les musées impériaux, logeait pour 2 jours chez moi. J’avais fait sa connaissance à Venise et je me réjouissais de le revoir….. » et plus tard « Mon ancien ami Denon m’a rendu visite… Denon fut extrêmement allègre et gentil », le 27 octobre il est à Berlin avec Zix le jour de l’arrivée de Napoléon. Il y restera 2 mois, les administrateurs prussiens, les artistes et les conservateurs des musées de Berlin et de Postdam observaient les activités de Denon avec réserve, toutefois certains appréciaient sa personnalité, c’est le cas du sculpteur Gottfried Schadow.

Le 5 novembre Denon effectue des saisies au château de Berlin et les 10 et 18 il se rend à Postdam pour saisir des oeuvres à Sans-Souci, dans les galeries de peinture, dans le jardin et le palais de marbre et au Neues Palais.

Le 28 Denon se rend à Küstrin pour y inspecter des objets transportés dans cette ville avant l’arrivée de l’armée française à Postdam.

Le 19 décembre Denon part de Berlin pour se rendre à Brunswick où il arrive quelques jours avant Noêl et procède avec Daru aux saisies à la bibliothèque de Wolfenbüttel, puis à celle de 278 tableaux à la galerie de Salzdahlum .

Le 3 décembre Denon fait démonter le quadrige de la porte de Brandebourg et l’expédie le 21 décembre pour Paris.

Compte tenu de l’importance de ses activités Denon délaisse quelque peu sa correspondance avec Isabelle, on ne relève que 4 lettres durant cette année 1806.

1807

Denon quitte Brunswick le 2 janvier, et se rend à Cassel il y résidera du 4 au 26 janvier il effectue de nombreuses saisies à la galerie de peinture et 300 toiles au Fredericianum, certaines le seront au profit de Joséphine «. Je n’ai donc pas oublié, votre Majesté dans aucunes des opérations qui m’ont été ordonnées. J’ai en conséquence ajouté toujours nombre de choses curieuses à celles qui étaient l’objet de ma mission, telles que petits tableaux charmants, turquoises travaillées dans le 15ème siècle, camées.. ».

Denon séjourne à nouveau à Brunswick du 29 janvier au 20 février. le 10 mars il passe par Schwerin pour se rendre à Berlin, il effectue de nouvelles saisies le 30 au palais royal et le 5 avril à Postdam.

13 mai Denon arrive à Dantzig pendant le siège de la ville dirigé par le maréchal Lefebvre «...je viens de courir celle d’un siège très bien réussi. Je n’en avais jamais vu et c’est cependant la guerre par excellence. J’en ai fait le journal complet en dessin... je viens de passer 28 nuits dans un sac fourré tout au milieu du feu de l’artillerie.., cela a bien son genre d’intérêt. Nous avons donné une bataille sur l’endroit ou l’on fouille pour trouver l’ambre. J’en ai ramassé des morceaux que j’ai travaillés moi-même depuis que nous sommes entrés à Dantzig. Je t’en envoie une petite croix ce qui forme les armes de cette ville… ». Le 29 il est à Tilsit.

Le 13 août, Denon est de retour à Paris.

Le 28 décembre dans une note adressée à Sa Majesté sur « des objets de sculpture antique, camées, tableaux et dessins à prendre dans la galerie de Florence »; il ajoute en outre « … c’est peut être actuellement la seule occasion d’ajouter à la sublime collection du musée Napoléon 8 morceaux de sculpture de 1er ordre… ». 

1808

Le tableau du Couronnement par David est exposé dans le salon carré du musée à partir du 7 février.

 Le 22 février Denon adresse une liste de 15 médailles des campagnes de 1806-1807 qui sera suivie de 10 autres.

Denon est proposé pour être adjoint au collège électoral de Chalon sur Saône par le grand chancelier de la Légion d’Honneur, le 24 mars. Le 29 il est fait chevalier de l’empire, et dans le courant de l’année il recevra l’ordre de Sainte Anne de Russie.

Au salon que Napoléon visitera le 22 octobre un portrait de Denon par Lefèvre est exposé.

A la fin du mois de novembre Denon part avec Zix en mission en Espagne, en tant que dessinateur des campagnes et conseiller aux saisies. Madrid capitule le 4 décembre, Denon est à Burgos le 9 et arrive à Madrid le 26.

A Burgos il viole la sépulture du Cid et de Chimène afin d'effectuer un prélèvement de fragment d’os, que l’on retrouvera dans son reliquaire.

1809 Espagne

Le 18 janvier il est à Valladolid.

Le 16 avril Denon demande la permission de suivre Sa Majesté dans la campagne d’Autriche, Denon quitte Paris en mai, vers le 6 juin il se rend à Vienne où il fait l’inspection de la pinacothèque au château du Belvédère ainsi que la bibliothèque et le cabinet des Médailles. Il fait un rapport sur les objets à saisir à Vienne le 18 juin.

Les 5 et 6 juillet il y est encore à l’époque de la bataille de Wagram. Le 15 octobre Napoléon le nomme officier de la Légion d’Honneur. Le 7 novembre Denon quitte Vienne pour Munich où il s’essaie à la lithographie auprès de Senefelder; il est de retour à Paris le 26 novembre.

Le 16 décembre Denon vient à Chalon sur Saône présider l’assemblée électorale du département, il est désigné par 116 voix comme premier candidat au Sénat. Il est de retour à Paris le 25 décembre. 

1810 Serviteur de la gloire impériale

Il reçoit des personnalités étrangères tel le prince de Clary et Altdringen qui avait accompagné Marie Louise de Vienne à Paris, ainsi que G.Heath.

Le 15 mars Getti, mouleur du musée Napoléon adresse à Pierre Marie Royer, maire de Chalon un buste en plâtre de Denon exécuté par Bosio.

Le 11 juin dans une lettre à l’intendant général des bâtiments impériaux., il précise qu’il attend 300 caisses d’antiquités de la villa Borghèse.

Denon séjournera dans sa ville natale du 13 septembre au 3 octobre.

Denon s’est investi totalement pour faire du musée Napoléon un haut lieu artistique prestigieux des arts; l’Empereur lui marquera sa reconnaissance en choisissant la Grande Galerie pour la cérémonie religieuse de son mariage avec l’Archiduchesse Marie Louise le 2 avril 1810.

Le Salon est ouvert au public le 5 novembre avec près de 800 tableaux.

Le 10 novembre un décret le nomme directeur des fouilles à Rome.


1811 Choix de tableaux en Italie

Le 25 mars Denon achète 2 tableaux de Watteau, « l’enchanteur et l’aventurière »,à la vente Silvestre et le 26 adresse à Sa Majesté un projet pour l’aménagement des fouilles de Rome.

Le 18 août 1811 Denon en compagnie de Zix et de Lavallée est chargé d’une nouvelle mission en Italie avec 2 objectifs : « reconnaître les objets d’art qu’il peut être important de conserver parmi ceux qui proviennent des couvents supprimés et particulièrement de l’école Ligurienne dont le musée impérial n’a presque rien. M Denon doit visiter quelques uns des champs de bataille de l’Italie qu’il ne connaît pas afin de continuer l’illustration des campagnes de Napoléon ». Dès son arrivée à Savone Denon choisit 6 tableaux, à Gênes le 1er octobre 8 tableaux, plusieurs tableaux à Chiavari, à Pontremoli, à Levanto, à La Spezia, puis 8 à Pise, 9 à Florence,, son choix se porte en particulier sur les primitifs italiens.

Il arrive à Rome le 3 novembre après avoir « visité » Arezzo, Cortone, Pérouse, Assise, Spolète. Il est reçu le 17 novembre membre d’honneur à l’Académie Saint Luc de Rome, il examine les œuvres provenant des couvents, visite les fouilles, les mosaïques, l’Académie de France, la Monnaie des Médailles. Il quitte Rome le 23 novembre pour regagner la France.

  • Baron d’Empire et fin de règne

Le 6 janvier Denon est de retour à Paris, il rédige son rapport sur sa mission en Italie. et donne un état des « tableaux des peintres de la primitive école italienne, marqués par le directeur général du musée Napoléon dans les couvents supprimés des départements de Montenotte, de Gênes, des Apennins, de la Méditerranée, de l’Arno, du Trasimène du Taro, lesquels sont absolument nécessaires pour compléter cette sublime collection ». 

Et le 14 mars, il fait part à Isabelle de ses liens avec Mme d’Houchin, leur liaison est publique, on les rencontre à tous les Salons jusqu’à la mort de Denon.

Le 3 mai il est fait Baron d’Empire.

Le 5 août Denon est autorisé à instituer un majorat du titre de Baron au profit de son neveu Dominique Vivant Brunet, adjoint à Denon au musée impérial, qui devra prendre le nom de Denon, (il s’agit du frère du général ).

Le Salon de 1812 où figure 3 portraits de Denon par Augustin, Parent et Jeannest ouvre le 1er novembre.

C’est à cette époque qu’une nouvelle version remaniée de « Point de lendemain » paraît chez Didot.

La défaite de Russie a lieu. Napoléon a échoué et rentre en France en décembre, laissant le commandement de l’armée de Russie à Murat.

1813

Le 5 février, Aubert, l’ami fidèle de Denon, que celui-ci avait fait nommer « commissaire près le musée » c’est à dire expert, a perdu la tête ce qui a nécessité sa réclusion à la maison de Charenton.

 Le 21 juillet, lettre qui informe de l’arrivée à Paris de 50 tableaux de l’école espagnole offerts par Sa Majesté le Roi d’Espagne et 250 « appartenant au domaine extraordinaire de la Couronne ».

1814 Changement de souverain

Le 3 avril le Sénat proclame la déchéance de Napoléon et le 4 celui-ci abdique à Fontainebleau en faveur de son fils le Roi de Rome, puis le 6 sans condition et le Sénat appelle Louis de France, Comte de Provence à devenir « roi des Français ».

Les fonctions de Denon sont maintenues par Louis XVIII.

Denon accueille le 25 mai 1814 le Tsar Alexandre 1er à la Monnaie des médailles, le roi de Prusse et l’empereur d’Autriche lui rendent aussi visite.

Le 11 juillet le duc de Brunswick revendique 79 tableaux (qui seront rendus le 28 juillet), 42 vases et objets divers 174 émaux, 980 majoliques 12 sculptures en bois et 9 objets.

1815  Les restitutions

De l’île d’Elbe, le 26 février Napoléon embarque sur l’Inconstant et fait route vers la France, il débarque au golfe Juan du 1er au 3 mars.

Le 27 avril 1815 est créée une 6ème section de la 4ème classe des Beaux Arts de l’Institut (théoriciens et historiens d’Art) à laquelle Denon est rattaché.

Le 18 juin la défaite de Waterloo amène la seconde Restauration. Denon est obligé de restituer les œuvres d’art qu’il avait « réquisitionnés » pendant les campagnes napoléoniennes.

Le 6 juillet Paris est occupé par les troupes alliées et dès le 8 juillet M. de Ribbentrop, intendant général des armées prussiennes, adresse une lettre à Denon afin qu’il donne des renseignements au commissaire des guerres, sur les objets emmenés de Prusse, mais le 10 juillet arrive l’ordre du Maréchal Blücher et les enlèvements commencent à être effectués par les commissaires.

Le 30 Ribbentrop adresse un ordre au directeur du musée de remettre les objets d’art que les Français enlevèrent aux Etats de Brunswick.

Dès le 5 août, l’empereur d’Autriche réclame les prélèvements faits à Vienne et en Autriche, puis le 9 août l’électeur de Hesse demande les objets de Hesse-Cassel.

Le 23 août réclamation des tableaux appartenant au grand duché de Berg et le 2 septembre ce sont les tableaux et objets d’Art qui formaient le cabinet de la maison d’Orange.

Le 22 septembre, M. le comte Alava vient réclamer 284 tableaux et 108 objets, puis un représentant du prince de Schwartzemberg réclame les objets d’art provenant de Venise, Parme, Plaisance et Florence, ainsi que les chevaux en bronze qui couronnent l’Arc de triomphe du Carrousel du Louvre.

Le 2 octobre M. Rosa, conservateur de la galerie de Vienne se présente à Denon avec un ordre de M. de Metternich pour faire enlever les tableaux et objets d’art appartenant aux états des royaumes de Lombardie et de Venise, puis de Parme et de Modème.

Le 2 Canova fait savoir à Denon qu’il vient reprendre par la force les tableaux et antiquités du Pape. 

« Des circonstances inouies avaient élevé un monument immense, des circonstances non moins extraordinaires viennent de le renverser. Il avait fallu vaincre l’Europe pour former ce trophée, il a fallu que l’Europe se rassemblât pour le détruire…. » Denon.

Le 3 octobre Denon présente sa démission au Roi.

1816 –1825 Retraité et collectionneur

Après sa démission Denon se consacre à ses collections et prépare la publication des « Monuments des Arts du dessin » il continue toutefois à assister aux séances de l’Institut et participe au jury du concours pour le prix de Rome.

Il se retire quai Voltaire au milieu de ses collections, visité par de nombreuses personnalités européennes telle Lady Morgan en 1816. Il reçoit aussi Lord Essex en 1818, le comte Rostopchine en 1819, le peintre anglais D.Wilkie en 1821, le prince Dolgorouki en 1822. En fait, d’après les écrits de ces visiteurs, on y trouve le beau comme le pire, des oeuvres classiques aux objets curieux. Un objet peut retenir l’attention c’est le célèbre reliquaire.

Denon reçoit Isabelle Albrizzi en 1817 qui séjourne à Paris avec son fils de mai à juin. Denon écrira encore quelques lettres à Isabelle pour lui recommander des personnalités de passage à Venise entre 1818 et 1825, sa dernière lettre sera datée du 1er avril 1825.

Le 9 mars 1818 il achète à la vente Lavallée 2 fûts de colonne en marbre et deux vases, le 26 novembre 1822 deux tableaux de Lépicié à la vente Saint Victor, le 16 avril 1825 le portrait de David par Girodet et ce serait à la vente Lapeyrière à laquelle il assistait que Denon aurait eu un coup de froid qui le fera succomber le 28 avril dans son appartement.

Le 30 avril Denon est enterré au cimetière du Père Lachaise, l’éloge funèbre est prononcé par les peintres Gros et le géographe Jomard, ce sera en décembre 1827 que sera mise en place sa statue funéraire réalisée par Cartellier.