Naples

Vesuve
Éruption du Vésuve

A l’occasion du voyage financé par l’abbé de St-Non dans l’Italie du Sud (voir voyage en Sicile, du 25 mars au 26 novembre 1778), il s’introduit dans le cercle de l’ambassadeur de France à Naples. Il sollicite le grade d’attaché d’ambassade que la cour de France lui accorde avec l’appui de l’ambassadeur, Jean Baptiste de Clermont d’Amboise, le 23 septembre 1779. Dans une première phase, il est apprécié à la cour pour ses qualités d’homme du monde, et de ses supérieurs qui notent avec satisfaction la qualité de ses rapports, en particulier sur les évènements naturels (éruptions du Vésuve et tremblement de terre dans les Pouilles).

Mais sa situation se dégrade progressivement, d’une part à cause de l’effacement de Clermont qu’il supplée et par la montée en puissance d’Acton, le favori de la reine Marie-Caroline, soeur de Marie-Antoinette, qui le prend en grippe car elle ne veut pas de l’influence française et souhaite se rapprocher de Vienne et de sa mère l’impératrice Marie-Thérèse. Il commet de plus des maladresses dans sa correspondance diplomatique où il critique la cour de Naples, ce que Versailles lui reproche à plusieurs reprises. Clermont souhaite finalement prendre définitivement sa retraite et doit être remplacé par Talleyrand, dont on attendra l’arrivée pour effectuer le rappel de Denon en août 1785.

Il demande alors sa retraite qui lui est accordée et se replie à Chalon puis à Paris jusqu’en 1788.

Jean Claude Waquet de l'Ecole de Hautes Etudes a relaté l'ambiance délétère de la cour de Naples au moment du séjour de Denon et les raisons qui l'ont fait cesser sa mission, dans une étude présentée lors du colloque de Chalon en 2003.

Lors du même colloque, Françoise Janin de l'Ecole des Chartes analyse les arcanes de la politique de la reine des Deux Siciles à travers une analyse fouillée de la correspondance diplomatique de Denon

 

Période autrichienne et indépendance sous les Bourbons

Le traité de Rastatt de 1714 laissa Naples à l'empereur Charles VI, amorçant une courte domination autrichienne sur le royaume, qui continuait d'être gouverné par un vice-roi, nommé par le pouvoir impérial. En 1720, Charles VI annexa la Sicile et réunifia de nouveau le royaume des Deux-Siciles (toujours sans fondre officiellement Naples et la Sicile, qui restèrent nominalement deux royaumes distincts). Les Bourbons d'Espagne conquirent le royaume de Naples en 1734, ce qui marque le retour à l'indépendance pour Naples après plus de deux cents ans : Naples devient la capitale du royaume réunifié, qui prend le nom officiel de royaume des Deux-Siciles seulement au début du xixe siècle.

Période napoléonienne

En 1806, à la suite des victoires décisives sur les armées alliées à Austerlitz et sur les Napolitains à Campo Tenese, Napoléon installe son frère Joseph sur le trône de Naples. Ferdinand fuit vers la Sicile où il maintiendra son pouvoir.

Quand deux ans plus tard Joseph est envoyé en Espagne, il est remplacé à Naples par sa sœur Caroline et son beau-frère, le maréchal Joachim Murat. Les tentatives successives de Murat pour envahir la Sicile échouent. L'île est défendue par les Britanniques et Ferdinand participe aux coalitions successives (quatrièmecinquième et sixième) contre Napoléon.

Après la défaite de Napoléon en 1814, Murat conclut une entente avec l'Autriche et conserve le trône de Naples, malgré les protestations de Ferdinand et de ses partisans. Cependant, la plupart des autres puissances, en particulier la Grande-Bretagne, lui sont hostiles. Murat dépend du soutien incertain de l'Autriche et sa position devient de moins en moins sûre.

En 1815, lorsque Napoléon revient en France pour les Cent-Jours, Murat se rallie à lui. Par la proclamation de Rimini il s'allie aux nationalistes italiens dans l'espoir de sauver son royaume. La guerre napolitaine qui suit entre Murat et les Autrichiens est de courte durée et se termine par la victoire décisive des forces autrichiennes à Tolentino. Murat est forcé de fuir, puis est capturé et exécuté à Pizzo, en Calabre.

Ferdinand réunifie son royaume. L'année suivante (1816), l'union formelle du royaume de Naples avec le royaume de Sicile dans le nouveau royaume des Deux-Siciles est de nouveau constituée.

Descriptif détaillé du voyage au Royaume de Naples

Séjour à Naples

L’expédition est dirigée par Denon. Y participaient le peintre Claude Louis Chatelet, l’architecte Louis-Jean Desprez, l’architecte Jean-Augustin Renard.. mais aussi l’abbé Buisson, érudit, ancien précepteur de Denon, parlant couramment l’italien; bien qu’il ne soit pas ecclésiastique il fera le voyage en soutane ce qui facilitera leur accueil dans les monastères. L'expédition quitte Marseille le 4 novembre 1777 sur une « tartane », aborde le 6 La Ciotat puis débarque à Telamone. Le voyage se  poursuit par Civita Vecchia, puis Rome ou Denon est frappé par la masse de Saint Pierre  pour arriver à Naples le 30 novembre. Le groupe reste environ 6 mois à Naples.

Denon, auteur du journal de l’expédition, découvre la ville de Naples. Il fait une description minutieuse de ses monuments, de ses places,  de ses rues; un mois après son arrivée il décrit le caractère paresseux et jaloux des Napolitains , leur patois (un par quartier), l’habillement des hommes qui ont le gout du luxe et des femmes qui aiment les bijoux. Le 16 décembre il assiste en l’église cathédrale à l’anniversaire du miracle de Saint Janvier et reste à Naples durant les fêtes de Noël. Il visite les églises de cette ville: Ste Claire, St Philippe de Néri, St Paul, les Sts Apôtres, St Giovanni, St Janvier, avec tout ce qu’elles renferment d’œuvres d’art et d’antiques, puis les théatres, les catacombes. Denon fait de chaque lieu une description et un rappel historique. Le carnaval le ramène à Naples,  il visite l’église de l’Incoronata, puis St Jean le Majeur, et rencontre le père de le Torre, chercheur qui s’interesse au Vésuve

Dans le courant de l’hiver 1778 l’expédition fait une première ascension du Vésuve. Dans son récit Denon décrit leur cheminement sur les pentes du volcan mais la pluie les oblige à rebrousser chemin; quelques jours après elle refait une nouvelle tentative et atteint le sommet . Puis c’est la découverte d’Herculanum et de Pompeï

Ils embarquent pour une visite de l’ile de Capri, et des iles de  Procida et d’Ischia. puis en bateau ils vont au cap de Pausilype  et continuent jusqu’au port de Misène,  ils gravissent la montagne du cap et découvrent toute la baie de Naples. De retour à Pouzzole,  « .. Cet incroyable canton… englouti sous les cendres des volcans, est devenu et sera toujours l’école des arts, le laboratoire des physiciens et le médaillier des historiens… c’est là que l’on continuerait de trouver tout ce que l’art a jamais créé de plus sublime.. ». Ils visitent le temple de Sérapis, l’amphithéâtre puis la solfatare. Le jour suivant ils se dirigent vers Cumes puis sur Caserte, de là ils se rendent à pied à Capoue

Ce séjour dans la région de Naples se termine et l’expédition prend le chemin des Pouilles et de la Calabre. 

 

Voyage Pouilles 1

Itinéraire de Naples à Reggio par la Pouille et la Calabre. Puis retour à Naples

Les 5 hommes entament leur expédition et quittent Naples le 10 avril 1778. Ils se dirigent vers Arienzo puis, après y avoir passé la nuit, ils gagnent Bénévent, traversent les Apennins, passent par Troja et arrivent à Lucera. Ils se dirigent  vers Manfredonia d’où ils partent en charrette pour Barletta. Le lendemain ils rejoignent Cannes , où  Annibal eut raison de l’armée romaine en 216, puis Canosa, ancienne cité grecque, passent par Trani et continuent à pieds vers Bisseglia , Molfetta , Giovenazzo et arrivent à Bari. Denon achète quelques vases étrusques trouvés sur place, ils passent à Mola.

La petite troupe continue son chemin vers Monopoli. C’est avant d’atteindre Brindes, la pluie et la nuit s’étant associées, que les calèches s ‘embourbèrent; impuissants à se sortir seuls de cette situation, ils reçurent l’aide du baron hollandais van Nieuwerkerke qui faisait le même voyage que le groupe de français. Un circuit les dirige vers Gallipoli puis Otrante, Muro, Sombrino et Soletta où Denon achète « un vase avec des figures des 2 cotés d’un très beau style et 12 autres petits vases », enfin  à Lecce et Squinzano avant de regagner Brindes. Le lendemain ils passent à Casal-Nuovo et arrivent à Tarente, puis de Brindes ils continuent de nuit leur route et arrivent au petit jour à Métaponte, se dirigent vers Torre di Policoro, Anglone et  Rocca Imperiale pour arriver à Sybaris. Le lendemain ils sont à Corillano puis à Cariati, Ciro et Melissa, puis  traversant Crotone, le cap Colonne, Isola, Catanzaro, Rochetta, Squillace, Roccella. ils arrivent à Gerace où Denon se procure 30 pièces en argent trouvées dans un tombeau, certaines étaient grecques d’autres romaines. Ils continuent en direction de  Condojano et le cap Bruzzano d’où ils découvrent l’Etna et la Sicile, ensuite ils cheminent vers  Moletta  et la pointe Dell’Armi avant d’arriver à Reggio de Calabre.

Le 2 mai 1778 l’expédition, venant de Reggio, débarque à Messine , et fera le tour de Sicile dont Denon publiera ultérieurement le récit. (voir le voyage en Sicile)

De retour de Sicile, l’expédition doit faire à Tropéa une quarantaine et n’en repart que le 5 décembre pour se rendre à Cozenza,  Tarsia,  Evoli et à Paestum, ils visitent les temples grecs , puis poursuivent  vers Salerne et Sorrente, ils y sont à Noêl et enfin arrivent à Naples .

De retour de Sicile, Denon avait le projet d’aller visiter le Mont Cassin , ils partent  pour Calvi et gagnent le monastère puis  passent vers les ruines de Casinum et de Capoue la neuve, Denon se rend à Averse, première ville bâtie par les Normands, puis à Minturne et Mola , il passe la nuit à Fondi, puis  part pour Terracine avant de regagner Naples.

Denon, dans son journal, décrit chacun des lieux dans lesquels l’expédition séjourne, tantôt il évoque l’histoire, avec des références aux auteurs anciens, tantot il rappelle des légendes, partout il analyse les architectures des monuments, décrit l’importance des villes, la géologie, l’économie et l’ethnographie des régions traversées, mais c’est surtout avec l’œil de « l’antiquaire » qu’il recherche les vestiges antiques. et qu’il essaie de se procurer les monnaies et les médailles dont il est amateur.

Carte du voyage en Sicile

Carte du voyage en Sicile
Carte du voyage en Sicile. Celle-ci est extraite du journal de voyage éponyme que Denon publie à la suite de son périple

Sélection des lettres de Naples liées à l'activité de Denon