Paris sous la Revolution
Paris sous la révolution et le Directoire 1
Chassé d'Italie par la république de Venise, puis de Florence, il se résout à rentrer en France, via la Suisse, malgré la période troublée de la Terreur, pour essayer de récupérer ses biens et revenus.
Le 10 décembre Denon arrive à Paris « J’ai trouvé une partie de mes biens séquestrés, mais j’aurai bientôt réparé à cela et dans quelques jours je serai dans le cas de reprendre mes occupations favorites ce que j’avais ici et qui allait être vendu si j’arrivais six jours plus tard ». Jusqu’à ce jour Denon habitait chez N.C.Aubert, un ami et collaborateur, qui l’accompagna à Naples puis à Venise, mais celui-ci est rentré en France en 1789, où il accueillera Denon.
Le 3 mars Denon déménage en emmenant Aubert et sa femme à l’hôtel Bullion, rue Jean jacques Rousseau, hôtel partiellement affecté aux ventes mobilières.
Le 14 mai le comité de salut public décide la création pour ses représentants de costumes officiels, le projet est confié à David qui exécute 8 dessins, dont Denon va réaliser les gravures. Il fait travailler 20 personnes sur cette commande, il produira le 24 octobre 27 809 gravures en couleur et 20 160 au trait ; pour ce travail il dispose de 7 presses.
Le 29 juin 1794, protégé par David, Denon est rayé de la liste des émigrés. Mais il n’a pas retrouvé la totalité de ses biens. Il devra attendre le 15 octobre pour obtenir la restitution de ses vignes de Givry et Bourgneuf.
Le 21 octobre Denon projette un voyage en Bourgogne qu’il réalisera le 25.
La situation en France se détériore, les assignats ne valent plus rien. Dans toute la correspondance que Denon adresse à Isabella, il lui fait part des difficultés financières qui sont les siennes, de la flambée des prix et de la diminution de ses rentes. Il s’adonne en outre au commerce d’œuvres d’art et achète des estampes et des tableaux qu’il revend « C’est avec ces manières là que le peu d’assignats que j’ai eu ont conservé leur valeur et ne sont tombés à 200 fois au dessous et sans quoi je ne saurais comment manger depuis 6 mois que mes rentes sont nulles ». ( 25 janvier 1796).
Au Salon Denon expose 3 gravures : le Taureau (d’après Potter) un paysage (d’après Van der Velde) et l’adoration des bergers (d’après Carrache) ; dans une lettre du 25 juillet il écrivait à Isabella pour le lui annoncer et ajoutait « Tu seras aussi 2 fois au salon car j’y mettrai ton portrait par Mme Le Brun et une copie en miniature… »
Denon fréquente la nouvelle société et ses nouveaux héros.
Par une lettre du 21 avril 1798, Denon annonce à Isabella son départ avec le Général Bonaparte : « Tu seras sans doute bien surprise que je pars pour je ne sais où. Mes liaisons (Joséphine ou Dolomieu ou Arnault) avec le Général Bonaparte m’ont fait engager dans l’expédition qu’il va faire ; j’y serai attaché à l’Etat Major. Mon absence ne durera que ce que durera la sienne. J’avais des besoins, cela les fera cesser…On dit que nous serons 6 mois dehors mais je compte un an… Tu n’as jamais été aimée en Egypte, hé bien, c’est peut être sur les Pyramides que je vais graver ton nom … » et le 5mai 1798 « cette lettre est la lettre de l’étrier, je pars tout à l’heure … Je t’assure que je t’aimerai dans les sables de l’Afrique si Bonaparte m’y mène, car je suis résolu de le suivre partout et de revenir avec lui . » Les allusions faites par Denon sur le lieu de l’expédition et la durée de son absence peuvent laisser supposer qu’il était dans la confidence, contrairement au corps expéditionnaire qui ignora sa destination jusqu’au dernier moment