Gravures Egypte
Gravures Egypte
Dominique Vivant Denon a dessiné tout au long de son voyage en Egypte, comme l’indique le texte de son Voyage dans la Basse et la Haute Egypte pendant les campagnes du général Bonaparte.[1] Denon donne des indications sur la chronologie de ses dessins peu après son arrivée à Alexandrie :
"Le premier dessin que je fis fut le port neuf, depuis le petit Pharion jusqu’au quartier des Francs, qui était, au temps de Cléopâtre, le quartier délicieux où son palais était bâti, et où était le théâtre".[2]
Au fur et à mesure de son texte, Denon mentionne de manière très sobre les dessins qu’il exécute, d’une phrase qui revient sans cesse : "Je fis un dessin", "j’en fis un dessin" ou une "vue", quel que soit le sujet qu’il représente, afin d’affirmer sa présence en Egypte et la véracité de ses dessins afin d'affirmer aussi son état d'artiste. Il est probable, d'ailleurs, que Denon a, en Egypte, plus dessiné qu'écrit.[3] Denon donne souvent aussi les circonstances d’exécution de ses dessins. Dans son esprit de contemporain des Lumières, le dessin est aussi important que les notes manuscrites qu'il rédige en même temps : Il est en quelque sorte une nécessité qui lui permet de décrire, mieux que les mots ne pourraient le faire, ce pays si nouveau et si fascinant pour lui. Denon s'inscrit dans le petit groupe des dessinateurs voyageurs capables de rédiger le texte de leurs propres ouvrages, ce qui n’est pas le cas de la majorité des artistes. Denon se met en scène, comme bien d'autres avant lui, pour souligner qu’il travaille réellement d’après nature.
[1] Paris, 1802, 2 vol. Les références sont données d’après le Voyage dans la Basse et la Haute Egypte pendant les campagnes du général Bonaparte, préfacé et annoté par H.Guichard et A. Goetz sous la direction de M. Reid, Paris, 1998 ; abrégé par la suite en Voyage. Cette édition ne comprend pas le volume de planches. Les planches sont référencées en Atlas. On consultera bien évidemment l'édition très complète du Voyage dans la Basse et Haute Egypte établie par J.-Cl. Vatin, Le Caire, 1989 et 1990.
[2] Voyage, p. 59 ; Londres, British Museum, Prints and Drawings Department, 1836.109.8c ; cette collection est abrégée par la suite en BM ; Atlas, pl. viii, n°3.
[3] M. Reid, "Quelques observations sur le thème des ruines dans le Voyage dans la Haute et Basse Egypte", Chalon, 1997, p. 179-189, notamment la p. 183, L Vives, "La ruine vestimentaire ou la mise en abyme du moi dans la représentation pré-égyptologique", op. cit., p. 191-207.
On pourra lire l'analyse très fouillée de Madeleine PINAULT-SORENSEN, exposée lors du colloque de Chalon en 2005 sur son activité de dessinateur pendant son périple en Egypte