Les "prélèvements" napoléoniens
Les pillages des armées victorieuses sont une constante de l’Histoire. Dès les premiers succès des armées révolutionnaires en Flandre, des prélèvements dans les châteaux et galeries d’œuvres d’art sont effectués par les armées dans un grand désordre et sans grand souci de classement ni de méthode. Les campagnes de Bonaparte en Italie vont instituer un changement de méthode : les commissaires sont des scientifiques et non des artistes (Monge et Berthollet) et leur champ d’investigation est très large sous les directives du général (objets d’art et objets scientifiques et techniques). Le critère de la qualité des objets prélevés est explicitement indiqué dans leurs instructions.
Ces prélèvements ont pour objet l'alimentation du musée Napoléon, mais également les appartements impériaux (Tulieries, Fontainebleau etc.) et plus encore l'impératrice, très demandeuse d'objets pour la Malmaison.
L’arrivée de Denon, qui s’implique personnellement dans ce processus, change la manière dont des prélèvements sont réalisés. Le personnage est connu dans l’Europe entière du monde des arts, surtout depuis le succès de librairie du Voyage en basse et haute Egypte édité dans toutes les capitales et traduit dans les principales langues.
De très nombreux témoignages écrits des responsables des galeries dans lesquelles il va effectuer les prélèvements donnent une image concordante de la « méthode » Denon. Tout d’abord, son urbanité et son aisance verbale sont unanimement mentionnés. Johann Gottfried Schadow, sculpteur berlinois auteur du quadrige de la porte de Brandebourg dit de lui : Denon est assurément l’un des phénomènes les plus vivants de notre époque, et on aurait tort de le laisser filer sans l’avoir vu.
Tout d’abord, l’annonce de l’arrivée de Denon dans le sillage des armées napoléoniennes, laisse un peu de temps aux responsables, pour tenter de cacher les plus belles pièces et les remplacer par d’autres de second intérêt. Denon a établi des listes d’objets, grâce à la connaissance qu’il en a (ou de celle de ses collaborateurs, Lavallée, Visconti, Dufourny), mais aussi de locaux (émigrés français ou admirateurs du Louvre) qui lui indiquent les œuvres cachées ou déplacées.
Il rencontre toujours le responsable du château ou de la galerie qui sera dépouillée, et essaie dans un premier temps de l’amadouer ; aidé par sa réputation de beau parleur et de connaisseur des arts, il s’appuie sur les catalogues des galeries souvent publiées en français. Il fait signer des procès-verbaux de saisie aux responsables. Dans une première phase, le nombre d’objets reste limité pour éviter d’effaroucher ses interlocuteurs. Puis il plaide l’honneur que représente l’installation de ces œuvres au Musée Napoléon où le monde entier viendra les admirer, alors que leur localisation d’origine les fait passer inaperçus du monde européen des arts. S’il rencontre une résistance, il s’appuie sur une exigence formelle de Napoléon qui est souvent imaginaire, mais efficace.
En dernier ressort, il utilise le chantage de la préservation des oeuvres, qui sans on action, seraient livrées au pillage de la soldatesque. Il conseille toujours de de pas accepter de demandes autres que les siennes.
Il se concentre surtout sur les tableaux et les sculptures, qui sont le cœur de ses centres d’intérêt. Il néglige les livres, les meubles ou les collections de sciences naturelles, pour lesquelles il n’est pas compétent et délègue ce travail aux conservateurs spécialistes de Paris.
Bien qu’il ait un assez grand degré de liberté dans ses choix, il est parfois freiné par Napoléon qui veut se ménager des alliés politiques (par exemple l’électeur de Saxe).
Il fait moisson de saisies excédentaires pour flatter l’empereur mais aussi l’impératrice très demandeuse de tableaux pour sa résidence.
Source : Divers articles de l’Œil de Napoléon
Contexte historique
Les prélèvements d'oeuvres d'Art dans des pays conquis sont une constante de l'histoire. Ils ont été particulièrement importants durant la période 1793-1815, Bonaparte puis Napoléon ne faisant que continuer les premiers pillages des armées révolutonnaires. L'élément nouveau fut l'apparition d'une justification idéologique de ces actions. Il était légitime que les ouvres d'Art soient rassemblées dans le pays de la liberté (sic) au détriment des pays des tyrans.
Depuis le 18 novembre 1802 (28 brumaire an XI), le Musée du Louvre n'était plus administré que par une seule personne, le directeur général Denon. A la fin de juillet 1803, pendant que le Premier Consul visitait la Belgique, le second consul Cambacérès permit que le Museum central des Arts devînt le Musée Napoléon...
En 1796, Denon s'était inscrit, à l'exemple de Quatremère de Quincy, parmi ceux qui n'approuvaient pas aveuglément l'enlèvement d'oeuvres d'art à Rome. Devenu directeur général du grand musée parisien, allait-il en fermer les portes aux beaux ouvrages que les prochaines guerres permettraient d'arracher aux vaincus ? Pas le moins du monde, bien au contraire. Si Denon ne paraît pas avoir rédigé un rapport sur le principe de ces transferts, il les conseilla avec ardeur dans les lettres à Napoléon que conserve le fonds de la secrétairerie d'État aux Archives nationales.
La pensée de l'Empereur sur ce point n'est pas traduite par des documents écrits, ne serait-ce même que par une indication rapide : pas de directives notées en marge des lettres de Denon, pas de minutes où le ministre de l'Intérieur, supérieur hiérarchique du directeur du Musée, ou bien le secrétaire d'État, ou encore le grand maréchal du Palais font connaître la décision impériale. Dans les éditions de la correspondance de Napoléon, les textes destinés à Denon sont l'exception. On a volontiers fait état, il est vrai, des entretiens que pouvait avoir le directeur du Musée avec le souverain pendant le déjeuner de celui-ci, déjeuner mené tambour battant, en six minutes, a noté Savary dans ses Mémoires... Mais Denon a indiqué en plusieurs de ses lettres qu'il ne les écrivait que parce qu'il n'avait pas été reçu par Napoléon ; ainsi le 9 avril 1805 : « Je me suis présenté plusieurs fois pour prendre les ordres de Votre Majesté avant son départ... » ou encore, le 27 mars 1806 : « Je demande pardon à Votre Majesté si je prends la liberté de lui écrire sur cela ; je me suis présenté plusieurs fois au moment de son déjeuner comme Elle m'avait permis de le faire dans le passé... » Parfois l'Empereur ne retient pas une rebuffade ; ainsi, le 3 février 1813, il faisait écrire à Duroc, grand maréchal du Palais :
«Je vous envoie une lettre de Denon. Il faut lui faire comprendre qu'il ne doit pas m'adresser ces bêtises. Qu'il les envoie au duc de Cadore qui, dans un moment opportun, me les mettra sous les yeux.
Lorsque je reçois de pareilles lettres avec d'autres papiers importants, je ne puis que les jeter au feu. » En définitive, les volontés de Napoléon doivent être déduites bien moins de quelques indications brèves et rares que de ce qui fut réalisé, rien ne se faisant sans son approbation.
Au début de l'automne 1805, le directeur du Musée Napoléon se trouvait en Italie du Nord pour exécuter et faire exécuter les dessins des champs de bataille où avait vaincu le général Bonaparte. Le Ier octobre, il reçut à Ancône l'ordre de revenir à Paris ; en cours de route il décida d'aller à Strasbourg, car Napoléon avait passé le Rhin, conduisant la Grande Armée contre l'Autriche ; l'Empereur souhaitait que fussent dessinés les lieux où se dérouleraient les plus importants actes de guerre afin de faciliter plus tard les travaux des peintres des victoires et des graveurs en médailles. Denon obéit, mais, sans aucune incitation de Napoléon, semble-t-il, il lui soumit d'autres projets le 13 novembre 1805 (22 brumaire an XIV) : « Sire, il doit exister en France un trophée de vos victoires en Allemagne, comme on en a eu de celles d'Italie. Si Votre Majesté me le permet, je vais lui indiquer plusieurs objets de différens genres dont elle peut le composer en dictant les traités. »
On voit apparaître ici la flatterie du courtisan : ce que le Musée obtient des pays vaincus n'est plus un hommage au pays de la Liberté comme sous la Convention ; cela ne répond plus au désir d'embellir la République et d'enrichir les collections de l'État comme sous le Directoire et le Consulat ; cela devient un trophée personnel, un souvenir tangible des victoires remportées par Napoléon... Et Denon d'énumérer tout ce qui, à son avis, pourrait être emporté de Vienne : le diamant de Charles le Téméraire, des camées, une cinquantaine de tableaux, des armures, sans oublier les médailles conservées au couvent de Saint-Florian en Haute-Autriche... A Innsbriick, le 7 novembre, furent repris des drapeaux français, mais la victoire et la paix si vite obtenues en décembre laissèrent-elles à Denon le temps de prélever quelques oeuvres d'art à Vienne ou à Schoenbrunn ? Napoléon n'a parlé que de l'armure de François Ier conservée dans un château du Tyrol et qu'il se proposait de recevoir à Paris « en séance et avec apparat ».
Le vainqueur d'Austerlitz était encore au château de Schoenbrunn lorsqu'il décida le 27 décembre 1805 que la Maison de Naples avait cessé de régner et lorsqu'il fit avancer vers le sud de l'Italie ses troupes et son frère Joseph, futur souverain du royaume. Songea-t-il spontanément à prendre une partie des collections des Bourbons, ou cela lui fut-il suggéré par Denon ? On ne sait, mais, le 31 janvier 1806, le directeur du Musée Napoléon adressa à l'Empereur ces lignes enthousiastes :
« Sire, tout ce que fait Votre Majesté a le même cachet de grandeur et votre destinée amène la confection de tout ce qu'elle entreprend. Je savais et je n'osais presque me dire à moi-même que, qui aurait rassemblé l'Hercule Famèse, le Gladiateur, Borghèse, Yafollino de Florence, cent morceaux du second ordre et deux cents du troisième ordre qui existent dans les collections Farnèse, Borghèse et Florentine, aurait fait un musée comparable au Musée Napoléon. Ce que Votre Majesté vient d'arrêter d'y ajouter ne laisse aucune possibilité d'entreprendre et d'espérer rien d'égal. J'ai l'honneur de joindre ci-contre la note détaillée que Votre Majesté m'a demandée... »
Suivait une énumération des Antiques Farnèse à prendre, comme le fameux Hercule et vingt autres articles dont certains comprenaient plusieurs objets ; il y avait aussi des bronzes, des mosaïques et des fresques d'Herculanum et de Pompéi. Napoléon ne donna aucune suite à ces propositions, mais il songea sérieusement à s'approprier à Rome les immeubles célèbres que sont le Palais Farnèse, la Farnesina et la villa Madama ; son ambassadeur, le cardinal Fesch, en fit prendre possession au début de mars 1806, mais Joseph Bonaparte en obtint la rétrocession à la fin de 1807.
Le 14 octobre 1806, Napoléon remportait sur les Prussiens la double victoire d'Iéna et d'Auerstaedt, et il entrait dans Berlin le 27. Denon l'y suivit et, dès le 28, il rédigea pour l'Empereur une lettre où, après avoir rendu compte du Salon à Paris, il parla des oeuvres d'art à prendre en Prusse, et aussi en Saxe dont l'Électeur s'était aussi rangé contre la France : « Si quelques objets d'art entrent dans les contributions de guerre, la Prusse ne sera dans le cas de produire que très peu de choses ; mais la Saxe pourrait fournir presque à l'égal de l'Italie.
Il y a cent tableaux capitaux à Dresde parmi lesquels il en est un, la Nuit de Corrège, qui est regardé en peinture comme la Vénus de Médicis en sculpture. Ce tableau, par sa réputation, serait à lui seul un trophée... Je dois répéter à Votre Majesté, qu'en faisant la conquête du reste de l'Europe, Elle ne retrouvera jamais l'occasion que lui offre la Saxe en ce moment. Ce n'est pas mon enthousiasme qui vous parle en ce moment, Sire, mais la conscience de mon devoir. » Denon n'obtint pas ce qu'il souhaitait, malgré une seconde lettre à l'Empereur, écrite à Berlin, 3 décembre 1806, dans laquelle il contait sa visite à l'Électeur qui « n'avait nul goût particulier pour les chefs-d'oeuvre qu'il sait posséder » et il assurait que les contributions en argent « pourraient ici se compléter par quelques morceaux qui deviendraient des valeurs effectives puisqu'ils rentreraient complètement et resteraient éternellement dans le trésor de votre gloire ». Mais Napoléon avait d'autres projets puisque, huit jours après la lettre de Denon, le 11 décembre, il faisait roi l'électeur de Saxe.
En revanche, Denon paraît bien avoir eu les mains libres pour dépouiller la Prusse que le vainqueur d'Iéna traita, on l'a dit mainte fois, avec une impitoyable rigueur. Ainsi le Journal de l'Empire du 2 décembre 1806 publia ces informations de Berlin, :
« M. Denon, directeur du Musée Napoléon situé au Louvre, est arrivé le 23 novembre à Berlin et a déjà visité les châteaux royaux de Prusse ; il a marqué les objets qui sont dignes d'ajouter aux richesses que possède la France.
Un sous-directeur des Arts a de même visité l'élégante résidence de Sans-Souci et en a fait enlever plusieurs statues, les menuisiers de Potsdam travaillent sans relâche aux caisses nécessaires pour l'emballage de ces précieux effets. En général, tous les objets d'art et de sciences que la Prusse a dus à Frédéric II paraissent destinés à précéder en France le retour des armées. » Napoléon, passant à Rosbach, fit emporter le monument qui rappelait la défaite de Soubise ; à Potsdam, il enleva lui-même, sur la tombe de Frédéric II, l'épée et les décorations de ce grand capitaine. A Berlin, Denon prit le Quadrige de la Victoire qui couronnait la Porte de Brandebourg. On conçoit, après cela, que les Prussiens aient pu être, en 1815, les plus acharnés à exiger que leur soit rendu tout ce qui leur fut pris, plus d'un millier d'objets d'après les chiffres cités par Saunier.
La politique impériale offrait souvent à Denon, on le voit, des occasions qu'il jugeait favorables à ses desseins. Ainsi, lorsqu'à l'automne 1807 le royaume d'Étrurie se transforma en départements de l'Empire français, le directeur du Musée Napoléon adressa à son souverain, le 28 décembre, une lettre qui débutait par ces mots :
« Dans la circonstance actuelle du royaume d'Étrurie, je crois de mon devoir de prévenir Votre Majesté que, sans lui proposer de dépouiller la ville de Florence de ce qui fait son plus riche ornement, sa Galerie, c'est peut-être actuellement la seule occasion d'ajouter à la sublime collection du Musée Napoléon... » et la lettre de dire, avec une liste à l'appui, les pièces désirables : huit statues antiques, toute la collection de bijoux en pierres dures, des tableaux de l'École florentine et trois cents dessins. Cette démarche ne paraît pas avoir été encouragée par Napoléon et n'aboutit à rien.
Quelques mois plus tard, le 5 et le 10 mai 1808, Napoléon obtint du roi d'Espagne Charles IV et du prince des Asturies qu'ils renoncent au trône qu'il donna le 6 juin à son frère Joseph. Denon ne demanda rien alors pour le Louvre, mais, lorsque la résistance des Espagnols obligea l'Empereur à franchir les Pyrénées avec ses soldats, le directeur du Musée Napoléon vint pour exécuter, une fois encore, les dessins de la campagne d'Espagne ; il en fit connaître la liste au souverain dans une lettre de Valladolid, 18 janvier 1809, où l'on peut lire aussi : « Si tout autre Prince que le frère de Votre Majesté eût occupé le trône d'Espagne, je les [il s'agit des ordres de Napoléon] aurais sollicités pour ajouter à la collection du Musée vingt tableaux de l'École espagnole dont elle manque absolument et qui auraient été à perpétuité un trophée de cette dernière campagne. Ceci, à la volonté de Votre Majesté, peut être traité dans tous les temps, soit en demandant que ces vingt tableaux soyent choisis dans les innombrables collections de Sa Majesté Catholique, soit en faisant venir en France tous ceux qui sont encore restés dans la maison du Prince de la Paix, desquels le Prince serait trop heureux d'obtenir un prix de Votre Majesté. Dans l'un ou l'autre de ces deux cas, je serais en mesure, Sire, de donner des notes suffisantes sur ces tableaux ou de revenir moi-même les prendre si Votre Majesté le jugeait nécessaire... » Il est bien clair que cette fois encore, l'idée d'un transfert à Paris d'oeuvres enlevées en Espagne ne vint pas de l'Empereur.
On sait que Napoléon quitta assez vite l'Espagne pour se préparer à combattre l'Autriche. Comme à l'ordinaire, Denon envisagea de l'y suivre et il l'écrivit à l'Empereur, le 16 avril 1809 : « Depuis mon retour d'Espagne, je me suis occupé tous les jours de préparer les moyens de faire la campagne qui va s'ouvrir. J'en aurais demandé la permission à Votre Majesté si j'eusse pu entrevoir le moment où cette demande n'eût pas été une indiscrétion. La masse des dessins historiques de la vie de Votre Majesté est devenue une suite si importante pour le présent et pour l'avenir ; l'utilité dont elle devient, lorsqu'il est question d'ordonner des travaux aux peintres et aux manufactures, me fera toujours entreprendre ces voyages tant que mes forces me permettront de les faire. J'ose donc vous demander la permission, Sire, de me mettre en route dès que le premier coup de canon sera tiré, et, suivant la Victoire, je joindrai bientôt Votre Majesté. » Napoléon avait déjà quitté Paris, le 13 avril ; il entra le 13 mai dans Vienne mais la victoire se fit attendre jusqu'au 6 juillet 1809 à Wagram et la paix jusqu'au 15 octobre. La longue occupation de la ville par les Français permit l'extraction d'oeuvres d'art ; en 1815, l'Autriche put récupérer trois cent vingt-trois tableaux et seize bustes .
Après 1809, les armées napoléoniennes n'étendirent plus leurs conquêtes et le Musée du Louvre n'eut plus l'occasion de prélever sa part dans les collections étrangères. S'il fut question de faire venir de Rome, proclamée la seconde bonne ville de l'Empire, d'autres statues antiques, cela se négocia par des achats parfaitement réguliers, comme l'avait été déjà celui des Antiques Borghèse, décidé par l'Empereur pour aider son beau-frère à payer ses dettes (i). Et si quelques tableaux quittèrent encore l'Italie pour Paris, ce fut, après la suppression des congrégations dans les départements de l'Empire au-delà des Alpes, lorsqu'il y eut à répartir les oeuvres d'art que contenaient les couvents désormais fermés, répartition dont se chargea Denon.
Il semble donc désormais possible de fixer les responsabilités de Napoléon dans le transfert à Paris des oeuvres d'art de l'étranger. Elles furent moindres que celles de la Convention et du Directoire. La Convention prit l'initiative de ces extractions et en organisa le mécanisme sous le couvert de réquisitions de guerre. Le Directoire eut la même politique et ses instructions aux généraux, à Bonaparte comme aux autres, montrent qu'il ne l'adoucit en rien.
En cette matière comme en bien d'autres, Napoléon fut un héritier de la Révolution. Mais, après le 18 brumaire, le Premier Consul, bientôt Empereur, ne montra pas la même âpre convoitise, et il afficha même de la réserve : il raisonnait en chef politique alors que les administrateurs du Musée du Louvre et Denon se laissaient entraîner par une sorte d'avidité professionnelle. Certes, Napoléon ne condamna jamais le principe de ces transferts d'oeuvres d'art, mais il les laissa faire plus qu'il ne les ordonna. Il ne donna pas les ordres que Denon lui demandait pour saisir le meilleur des collections de la Saxe, de Naples et de la Toscane ; en revanche, il lui laissa les mains libres en Prusse et à Vienne parce qu'il jugea bon sans doute de rabattre la vanité des souverains vaincus, et ce qui fut pris le fut, non en vertu des clauses d'un traité comme à Parme, à Modène et à Tolentino, mais par l'exercice immédiat des droits du vainqueur. De ces prises, il ne dit rien dans les Bulletins de la Grande Armée lancés après les victoires, mais, un jour de septembre 1816, à Sainte-Hélène, piqué au vif par les assertions des Anglais disant qu'il possédait sûrement de grands trésors cachés, il répondit ce qu'a noté Las Cases: « Vous voulez connaître les trésors de Napoléon ? Ils sont immenses, il est vrai, mais ils sont exposés au grand jour... » Et après avoir énuméré les travaux publics réalisés, les manufactures créées, les palais restaurés, il cita : « Le Musée Napoléon, estimé plus de quatre cents millions, et ne contenant que des objets légitimement acquis, ou par de l'argent, ou par des conditions de traités de paix connus de tout le monde, en vertu desquels ces chefs-d'oeuvre furent donnés en commutation de cession de territoire ou de contributions... » Nous savons que ce n'était vrai qu'en partie...
On ressent aujourd'hui quelque malaise à constater que, derrière les soldats de l'an II ou les braves d'Austerlitz, les dirigeants révolutionnaires et Napoléon, imitant la conduite des Romains dans la Grèce antique, enlevèrent aux vaincus une grande part de leurs trésors d'art. Mais, si l'on met à part les Romains d'adoption comme Quatremère de Quincy en 1796, quel Français d'alors y trouva-t-il à redire ?
F. Boyer,
Agrégé de l'Université.
In Revue d’histoire moderne et contemporaine, tome 11 N°4, Octobre-décembre 1964. pp. 255-262;
doi : https://doi.org/10.3406/rhmc.1964.3315
Justifications idéologiques des prélèvements
Le discours idéologique, toujours en place à l'arrivée de Napoléon au pouvoir, s'est forgé au sein de la Convention et d'un groupe d'artistes français à partir de 1794. On lira ici une article d'Édouard POMMIER Inspecteur Général honoraire des Musées de France La Liberté en Italie - La saisie des œuvres d'art
Les voyages de Denon pour les prélèvements
Denon fait cinq voyages dans les pays en guerre contre Napoléon pendant son directorat :
- Italie –Allemagne du 21 avril 1805 au 25 janvier 1806
- Allemagne du 27 septembre 1806 (avec Zix jusqu'en février 1807) à novembre 1807
- Espagne de novembre 1808-janvier1809
- Autriche de juin à novembre 1809
- Italie du 18 juin 1810 au 6 janvier 1811
Prélèvements en Flandre et aux Pays-Bas
Le prélèvements ont commencé dès le début des campagnes victorieuses des armées révolutionnaires.
Saisies des œuvres d'art par les armées de la République transférées à Paris
Le 7 ventôse an II (), le peintre et député Antoine Sergent48 recommande au comité d'instruction publique : « Les Romains en dépouillant la Grèce, nous ont conservé de superbes monuments : imitons-les ». Déjà dans un rapport remis le 28 janvier 1794, Jean-Baptiste Wicar fait de la République française l'héritière des chefs-d'œuvre de l'art grec. Le 29 janvier, c'est l'inspecteur des mines Alexandre Charles Besson (1725-1809) qui présente à la Commission temporaire des arts « un mémoire contenant des observations sur la collection des princes palatins » en vue de leur saisie par la République. L'abbé Grégoire va plus loin en déclarant : « Si nos armées victorieuses pénètrent en Italie, l'enlèvement de l'Apollon du Belvédère et de l'Hercule Farnèse serait la plus brillante conquête. C'est la Grèce qui a décoré Rome ; mais les chefs-d'œuvre des républiques grecques doivent-ils décorer le pays des esclaves? La République française devrait être leur dernier domicile ». Ces discours vont être mis en application.
Dès l'été 1794, les victoires des armées de la République vont lui donner l'occasion de se saisir des œuvres d'art dans les territoires occupés. Le 8 messidor an II (), Bruxelles est occupée. Lazare Carnot écrit au nom du Comité de salut public aux représentants en mission à l'état-major le 13 juillet : « Hâtez-vous… Ne négligez pas les productions des beaux-arts qui peuvent embellir cette ville de Paris ; faites passer ici les superbes collections de tableaux dont ce pays abonde ; ils se trouveront sans doute heureux d'en être quittes pour des images. » Dix jours plus tard, les représentants aux armées écrivent qu'« informés que, dans les pays où les armées victorieuses de la République française viennent de chasser les hordes d'esclaves soldés par les tyrans, il existe des morceaux de peinture et de sculpture, et autres productions du génie ; considérant que leur véritable dépôt, pour l'honneur et le progrès des arts, est dans le séjour et sous la main des hommes libres » et donnent la liste des œuvres d'art à transporter à Paris. Les convois de peinture flamande arrivent à Paris en octobre avec les tableaux du Rubens. Le peintre Jacques-Luc Barbier-Walbonne présente à la Convention, le , les premiers Rubens arrivés de Belgique en déclarant que « c'est au sein des peuples libres que doit rester la trace des hommes célèbres ; les pleurs de l'esclave sont indignes de leur gloire et les honneurs des rois troublent la paix de leur tombeau » et il ajoute que les peintres flamands sont « dans la patrie des arts et du génie, dans la patrie de la liberté et de l'égalité sainte, dans la République française »49,50. Ils sont suivis des collections hollandaises de peinture, puis de celles des principautés rhénanes.
Fête de l'arrivée des œuvres d'Art à Paris le 27 juillet 1798
Première campagne d'Allemagne
Le but de Pitt, premier ministre britannique, est d'éloigner la menace que Napoléon fait planer sur l'Angleterre depuis le camp de Boulogne. Il y réussit par le financement de la coalition et prévoit la jonction des troupes autrichiennes et russes en Bavière. Napoléon devance les projets de ses adversaires. Dès le , l'armée des Côtes de l'Océan devenue la Grande Armée, constituée de 183 000 hommes, s'achemine à marche forcée vers le Rhin. Une autre armée de 50 000 hommes sous les ordres de Masséna et d'Eugène de Beauharnais, opère à partir de l'Italie. Deux corps expéditionnaires des coalisés sont acheminés vers le Hanovre avec 40 000 Russes, en attendant des renforts suédois et britanniques, et vers le royaume de Naples avec 30 000 Russes et Britanniques. L'Empire d'Autriche déploie une armée sur le Danube qui, une fois rejointe par des renforts russes, doit atteindre 180 000 hommes, et une autre en Italie du Nord avec 142 000 Autrichiens commandés par l'archiduc Charles d'Autriche. Un autre archiduc, Jean d'Autriche, à la tête de 53 000 hommes, reste à la charnière de l'Empire et de l'Italie.
Napoléon envisageait une attaque au centre du dispositif allié, tandis que Masséna et Gouvion Saint-Cyr devaient contenir les coalisés en Italie. Les Autrichiens décident d'attendre Napoléon en Forêt-Noire, mais ce dernier opère un vaste mouvement tournant de manière à couper les Autrichiens de leurs alliés russes. En septembre, la Grande Armée avait franchi le Rhin, puis le Main. Ney remporte une victoire sur Mack à Elchingen et parvient à l'enfermer dans Ulm. Mack capitule le . C'est une victoire éclatante pour Napoléon mais il lui reste à affronter les Russes de Koutouzov et les armées de réserve autrichiennes.
L'annonce de la défaite de Trafalgar et l'entrée imminente de la Prusse aux côtés des coalisés obligent Napoléon à faire vite pour éliminer définitivement l'Autriche. Le , le royaume de Naples déclare la guerre à la France, ce qui rend la position des troupes françaises en Italie inconfortable, puisque menacée au nord et au sud. À la nouvelle de la défaite d'Ulm, l'archiduc Charles est contraint de se replier sur Vienne mais il est retardé par le harcèlement des troupes de Masséna. Après avoir surpris les ponts de Vienne le , la Grande Armée entre en Moravie mais elle ne peut empêcher la jonction des troupes de Koutouzov avec celles d'Alexandre et de Ferdinand d'Autriche-Este. Le , malgré son infériorité numérique, Napoléon inflige une défaite humiliante aux coalisés à Austerlitz, après un chef-d'œuvre tactique. Les Russes se retirent en Pologne tandis que l'Autriche demande la paix. L'armistice est signé le
Source Wikipedia
Deuxième campagne de Prusse et de Pologne
Après la défaite de l'Autriche, la France et les puissances en guerre entament des pourparlers de paix. Dans le même temps, la France assoit son hégémonie sur le continent. Napoléon lance une offensive contre le royaume de Naples. Le , les troupes françaises entrent dans Naples et Joseph, le frère de l'empereur, se voit offrir la couronne de ce royaume perdu pour les Bourbons. Ces derniers se réfugient à Palerme et restent maîtres de la Sicile avec le soutien du Royaume-Uni. En juillet, le Sud de la péninsule est pacifié. Napoléon entend bien que son frère règne sous sa subordination et non en totale indépendance. La principauté de Pontecorvo est confiée à Bernadotte et celle de Bénévent à Talleyrand. Napoléon transforme la République batave en royaume de Hollande en juin 1806 qu'il confie à son frère Louis Bonaparte.
Napoléon accroît encore un peu plus son influence en Allemagne. Le 15 mars sont réunis les duchés de Berg et Clèves pour former le grand-duché de Berg confié à son beau-frère Murat. Il donne à Berthier la principauté de Neuchâtel. Il noue des liens familiaux avec les grandes familles régnantes en Bavière, Bade et Wurtemberg. Le , il crée la Confédération du Rhin, association de 16 États allemands, sous la protection de la France. Une alliance offensive et défensive est conclue avec cette dernière. Les États de la Confédération doivent fournir des contingents militaires tandis qu'une force militaire assure la « protection » de la Confédération. Cette création marque la fin du Saint-Empire et éloigne la menace russe sur les frontières orientales de la France.
L'hégémonie française sur le continent par la vassalisation progressive des États voisins est insupportable pour les autres puissances européennes. Napoléon tente d'intégrer la Prusse dans son système afin d'éloigner la menace russe. Le est signé le traité de Paris entre la France et la Prusse par lequel les deux pays concluent une alliance offensive et défensive. La Prusse s'engage à occuper le Hanovre britannique et à fermer ses ports au commerce avec le Royaume-Uni. Ce traité signé par Haugwitz provoque un vif ressentiment en Prusse. Un parti antifrançais se constitue. Mais paradoxalement, ce sont les pourparlers de paix avec les autres puissances qui déclenchent le basculement prussien. La rumeur circule que le Hanovre serait rendu au Royaume-Uni en gage de paix. Le 9 août, la Prusse mobilise et le 26 septembre, le roi de Prusse envoie un ultimatum à la France. Napoléon rejoint alors la Grande Armée dans le Sud de l'Allemagne. La Prusse draine la principauté de Brunswick-Wolfenbüttel, la Hesse-Cassel et la Saxe-Weimar dans son sillage.
En , Napoléon crée la Confédération du Rhin, qui rassemble les petits États rhénans et d’Allemagne. Les plus petits sont intégrés aux électorats, aux duchés ou aux royaumes plus grands, ce qui facilite le gouvernement de l’Allemagne non-prussienne. Les plus grands États sont la Bavière et la Saxe, érigées en royaumes par Napoléon.
La Prusse n'accepte pas que la suprématie française s’étende jusqu’à ses portes et, le 9 août, alors que l’armée russe est encore loin de la Prusse, le roi Frédéric-Guillaume III, poussé par le Royaume-Uni, décrète la mobilisation afin de faire la guerre à la France. La logique aurait voulu qu’il entre en guerre avec l’Autriche et la Russie l’année précédente, ce qui aurait permis de contenir Napoléon et empêcher le désastre d’Austerlitz.
En septembre, Napoléon concentre son armée sur le Rhin. Le 25 septembre, il quitte Saint-Cloud puis avance vers la Prusse avec environ 160 000 hommes (effectif de départ, augmentant au cours de la campagne). Le premier choc a lieu lors de la bataille de Saalfeld où le prince Louis-Ferdinand de Prusse est tué.
Le , Napoléon entre à Potsdam et visite le tombeau de Frédéric le Grand, et devant ses maréchaux qu’il fait se découvrir, prononce ces mots : « S’il était encore vivant, nous ne serions pas là aujourd’hui. » Le 27 octobre, il fait son entrée à Berlin à la tête de la Grande Armée3. Au total, Napoléon n'a mis que 19 jours du lancement de son attaque sur la Prusse jusqu'à son entrée dans Berlin. En comparaison, la Prusse a lutté pendant trois ans durant la guerre de la Première Coalition.
Napoléon séjourne près d'un mois à Berlin. Le 21 novembre il y signe le décret de Berlin qui instaure le blocus continental contre le Royaume-Uni.
Davout fait cerner et prend Custrin avec 4 000 hommes et 90 canons. À Anklan Murat fait encore 4 000 prisonniers. À Strelitz, le général Savary fait prisonnier un général qui n’est autre que le beau-frère du roi de Prusse. Le maréchal Ney fait le siège de Magdebourg.
Le 6 novembre, les corps de Soult, Bernadotte et Murat arrivent simultanément devant Lübeck où s’est réfugié le reste de l’armée de Blücher, grossi des colonnes du duc de Brunswick et du duc de Saxe-Weimar qui a abandonné le commandement à un de ses subalternes pour rentrer chez lui7. Aussitôt les Français passent à l’attaque et viennent rapidement à bout des défenses de la ville. À l’aube du 7, Blücher et ses généraux demandent à capituler. 16 000 fantassins, 5 000 cavaliers et 80 canons sont capturés.
Le 8 novembre Magdebourg capitule, Ney fait 22 000 prisonniers dont 20 généraux et 800 officiers, et prend 800 canons et de nombreux magasins.
Après avoir nommé le général Clarke, gouverneur général de Berlin, Napoléon quitte donc la ville dans la nuit du 25 au . Il est à Poznań le 27.
Dix ans après le dernier partage de la Pologne, dans toutes les villes, dans toutes les campagnes, les soldats de Napoléon sont accueillis en libérateurs11, d'autant que parmi eux se trouvent les anciens des légions polonaises de l'armée d'Italie de Dombrowski. L'insurrection des provinces polonaises contre l'occupant prussien ou russe fournit à Napoléon 30 000 hommes.
Devant Varsovie, les Russes se dérobent et refusent de livrer bataille. Murat s'empare de Praga faubourg de la capitale, et les poursuit sur le Boug. Les Russes détruisent les ponts derrière eux. Bien que plus petit que la Vistule, le Boug est à cet endroit aussi fort que la Seine à Paris, la reconstruction des ponts sera un travail considérable.
Le 28 novembre au soir, Murat entre à Varsovie. Il est rejoint par Davout le 29. Le 6 décembre, plus au nord, Ney passe la Vistule dont le cours est encombré de glace et entre à Thorn. Le général Dulauloy est nommé gouverneur de la ville.
Deux traités signés à Poznań, le premier le 11 décembre avec Frédéric-Auguste III de Saxe, devenu le 6 août précédent, par la volonté de Napoléon, roi de Saxe, sous le nom de Frédéric-Auguste Ier de Saxe, et le second signé le 15 décembre avec les cinq duchés saxons fournissent 8 800 hommes.
L'armée du prince Jérôme, composée de divisions bavaroises et wurtembourgeoises, est devant Głogów, capitale de la Basse-Silésie. La ville est entourée de bonnes fortifications. Jérôme fait construire des batteries autour de la place et laisse le général Vandamme continuer le siège pour se porter sur Breslau (aujourd'hui Wrocław), à la rencontre des Russes. La ville se rend le 29 décembre, dès le début du bombardement. 2 500 hommes, 200 canons et de nombreux magasins sont le résultat de cette conquête.
Parti le 9 décembre de Poznań, Napoléon arrive le 18 à Varsovie. Ce jour Davout passe le Boug. Augereau passe la Vistule à Utrata (pl). Soult traverse à Wyszogród. Face à eux se trouve l'armée russe, commandée par Kamenski, âgé de 70 ans et presque infirme.
Obligé d'hiverner en Pologne, Napoléon passe ainsi tout le mois de janvier à Varsovie où il donne des soirées, bals et réceptions et rencontre la comtesse Walewska. C'est que l'armée française a également bien besoin de repos. Ses pertes lui interdisent de poursuivre l'armée russe. Elle se replie alors sur la Vistule pour se reformer et recevoir les renforts de France. Heureusement, de mémoire de Polonais, jamais la météo n'a été aussi clémente. Pour les Français, la température est plus douce qu'à Paris en cette saison.
Le , à la bataille de Golymin l'armée russe de Galitzine échappe à Murat, tandis que le même jour, à la bataille de Pułtusk, celle de Bennigsen échappe à Lannes. Les deux armées russes se retirent sur Ostrołęka, laissant dans ces deux batailles 12 000 morts, blessés ou prisonniers et 80 canons, les Français pour leur part ne déplorent que 800 morts et 2 000 blessés. La résistance du général Galitzine, combinée à l'échec de Soult à contourner le flanc droit russe, fait perdre à Napoléon une chance de rattraper les lignes russes et de les emprisonner devant le fleuve Narew.
La Grande Armée se dirige alors vers le nord pour prendre la nouvelle capitale du roi de Prusse, Königsberg. Victor se met en marche le 8 janvier pour faire le siège de Colberg et de Dantzig.
Les Russes se dérobent à plusieurs reprises pour livrer, les 7 et , la sanglante bataille d'Eylau où ils sont vaincus et abandonnent le champ de bataille. Après cette victoire, l'armée française reprend ses quartiers d'hiver. L'empereur passe les mois de mars, avril et mai à Ostróda puis à Finckenstein15, où il reçoit les ambassadeurs de Turquie et de Perse, jusque-là alliés de l'Angleterre. Le 4 mai, il signe le traité de Finkenstein avec la Perse.
Au printemps, les Russes prennent l'initiative avec une offensive devant surprendre les Français et faire lever le siège de Dantzig, mais le 19 mai, la ville se rend après deux mois de siège, au général Lefevbre, fait duc de Dantzig en récompense de sa victoire.
L'armée française contre-attaque. Le 10 juin, à la bataille d'Heilsberg, au prix de lourdes pertes, une charge impressionnante de la cavalerie de Murat contraint l'armée de Bennigsen à se replier. Les Français les poursuivent et le 14 juin, remportent une victoire décisive à la bataille de Friedland.
Vaincu, Alexandre Ier souhaite gagner du temps dans la guerre contre les Français. De son côté, Napoléon, au sommet de sa gloire, espère en finir avec la résistance du Royaume-Uni en associant la Russie au blocus continental destiné à ruiner l'économie britannique.
Le , les deux souverains se rencontrent pour la première fois, sur un bateau au milieu du Niémen. Deux jours plus tard, l'Empereur et le Tsar reçoivent le roi de Prusse.
Le traité de Tilsit est signé les 7 et . Napoléon est de retour à Paris le 27 juillet. C'est la fin de la Quatrième Coalition.
Source Wkipedia