Prélèvements en Allemagne
Missions de Denon en Allemagne et Pologne
La première mission dure de septembre 1805 à mars 1806 (3ème coalition – Austerlitz-Autriche), la seconde d’octobre 1806 à septembre 1807 (4ème coalition – Iéna - Auerstadt- Friedland-Prusse-Pologne). Il est accompagné d’un secrétaire, Prene, qui parle l’allemand que Denon de comprend pas, mais surtout de Benjamin Zix, un jeune dessinateur qu’il a rencontré à Strasbourg à l’aller, qui lui sera très attaché et pour lequel il témoignera d’une affection paternelle. Il deviendra de fait le chroniqueur de Denon, par le réalisme de ses représentations et la correspondance avec sa famille qui permet de retrouver la trace du parcours compliqué de Denon dans le sillage des armées napoléoniennes. Il servira également de traducteur.
Les missions en Allemagne n’étaient pas seulement consacrées aux prélèvements, mais également l’occasion de saisir sur le vif des scènes de batailles ou quelques jours après l’évènement. On dessinera les paysages de contrées inconnues qui pourraient servir de théâtre à de nouvelles aventures militaires. L’exactitude des relevés de Zix sera un atout précieux pour ces objectifs. D’autres artistes sont également attachés à l’armée et effectuent le même type de dessins. Au premier rang, il faut citer le général Bacler d'Albe, cartographe et peintre, mais aussi conseiller stratégique de Napoléon, qui sera à ses côtés de 1793 à 1814. Mentionnons également Baguetti, peintre italien entré au service de Bonaparte durant les campagnes d’Italie, qui sera encore sur les champs de bataille en Allemagne.
Le premier périple peut se découper en deux phases, la première va jusqu’en janvier 1807 et se passe en étant mêlée de plus ou moins près aux batailles de Napoléon, au cours de laquelle des dessins précis des champs de batailles sont réalisés par Zix et serviront de base à des tableaux de propagande. Trois dessins en particulier sont à signaler :


Claude Gautherot - Napoléon harangue le 2ème corps de la Grande Armée avant l'attaque d'Augsbourg, 12 octobre 1805.
- Napoléon harangue le 2ème corps de la Grande Armée avant l'attaque d'Augsbourg, 12 octobre 1805.
- Le bivouac la veille de la bataille d'Austerlitz.
- Entrevue de Napoléon et de François II à Sarutschitz après la bataille d'Austerlitz.
Chacun des dessins a servi à trois peintres pour la confection de leur tableau. Le premier sujet a été repris par Claude Gautherot et concerne un épisode qui précède la rencontre entre Denon et Zix. Commencée en 1806 et présentée au Salon de 1808, cette peinture a été la propriété de Denon avant d'être conservé aux Tuileries.


Antoine-Jean Gros - Entrevue de Napoléon et de François II à Sarutschitz après la bataille d'Austerlitz.
Le second est attribué à Louis François Lejeune et exposé au Salon de 1808.
Commandé à Gros dès 1806, le tableau du troisième sujet est resté à l'état d'ébauche en raison de la nécessité de peindre Napoléon le lendemain de la bataille d'Eylau accueilli comme le chef-d’œuvre du Salon de 1808. Finalement achevé, l'épisode de 1806 est présenté pour le Salon de 1812.
La seconde phase est celle du retour triomphal de Napoléon après Austerlitz et son arrêt à Strasbourg pour de brillantes fêtes, occasion de la production d’un recueil de gravures auquel Zix contribue (Relation des Fêtes données par la ville de Strasbourg à leurs Majestés Impériales et Royales, les 22 et 23 janvier 1806, à leur retour d’Allemagne). Zix suit Denon lors de son retour à Paris et y restera jusqu’au nouveau voyage durant la campagne de Prusse.
Les conditions météorologiques durant tout le voyage sont épouvantables comme en témoigne Zix :
C'est vrai que j'ai eu, pendant mon voyage, un temps abominable : du froid, de la pluie, puis de la neige qui tombait si épaisse qu'en plein jour il faisait presque nuit. La neige et le vent pénétraient dans la chaise de poste par les fentes les plus étroites. Les postillons avaient toutes les peines du monde à se maintenir à cheval, tant le vent faisait rage. Par suite du mauvais temps on distinguait à peine la route et je m'étonne que tout se soit passé sans aucun accident. D'autres diligences, qui se sont trouvées sur la route au même moment, ne s'en sont pas aussi bien tirées.
La guerre reprenant avec la Prusse, Denon et Zix suivent l’armée. Zix dessine sans relâche, les lieux et les batailles. Ces dessins serviront de base pour les tableaux de propagande exécutés par les plus grands peintres de la cour dans les mois ou les années qui suivront ces batailles.


Benjamin Zix - Traversée du Rhin
Sept mois après leur retour, ils repartent dans le sillage des armées. Leur trajet les mène à Mayence où ils traversent le Rhin sur un pont de bateaux, dessiné par Zix, puis à Francfort le 5 octobre. Ils assistent à la bataille d’Iéna le 14 octobre, où Zix fait une ample moisson de dessins. Ils passent ensuite par Weimar où ils rencontrent Goethe et séjournent 4 jours (du 17 au 21 octobre) chez lui (Denon et Goethe se connaissaient depuis une entrevue à Venise 16 ans auparavant). Ils rejoignent Berlin le 27 octobre en passant par Leipzig et Wittenberg, le jour où Napoléon y fait une entrée triomphale sur l’avenue Unter den Linden . Ils y séjournent du 27 octobre au 19 décembre.
Les premières saisies de Denon seront effectuées au Château de Berlin, puis au château de Sans-Souci à Postdam. Alexander von Humboldt, l’explorateur prussien célèbre et ami de Denon, s’y trouve et lui présente Shadow, sculpteur du quadrige de la porte de Brandebourg et directeur de l’Académie de sculpture. Il négocie l’enlèvement du quadrige qui sera démonté et envoyé à Paris. Il devait initialement prendre place sur l'arc de triomphe du Carousel, mais trop petit, le quadrige de St Marc à Venise lui fut préféré avec une statue du génral victorieux.
Il visite ensuite le château de Sans-Souci à Postdam. Il est reçu par Puhlmann, directeur de la galerie qui témoigne de la « bienveillance » de Denon. Il saisit la Joueuse d’osselets et les statues de Julie et Niobié, six bustes antiques, trente tableaux de l’Ecole italienne, vingt-cinq de l’école flamande. Le 19 décembre, Denon part pour Brunswick. Il y fait la connaissance d’Henri Beyle (futur Stendhal), cousin de Daru, intendant général de l’armée, qui prendra en charge la saisie de 400 volumes précieux (incunables) de la bibliothèque fameuse de Wolfenbüttel. Ils sont reçus par Emperius qui fit un compte rendu détaillée de la manière dont les saisies furent faites.
Il poursuit jusqu’à Cassel où il séjourne du 4 au 26 janvier 1807. Il visite le Fredericianum et rencontre Völkel son directeur. Il saisit 299 tableaux dont de magnifiques Rembrandt. Il retourne à Brunswick du 29 janvier au 20 février pour compléter ses saisies,. Il décide alors d’aller vers Hanovre et laisse Zix retourner à Paris, fatigué des rigueurs des voyages et de l’hiver. Il arrive à Hambourg le 6 mars et reçoit l’ordre de Napoléon de mettre au concours un tableau qui glorifie la victoire d’Eylau du 8 février, pourtant indécise, après une véritable boucherie. Il en définira la composition dans un cahier des charges et Gros remportera le concours. Il part ensuite à Lübeck pour relever le plan du site où les français ont enlevé la place le 5 novembre.
Il revient par Schwerin (10 mars) à Berlin du 24 mars au 5 avril et fait d’autres saisies au palais royal et à Postdam et dîne chez Shadow.
Il repart pour la Pologne en passant par Thorn, ville natale de Copernic où il effectue un dessin d’après un portrait afin que Canova puisse en faire le buste. Il rejoint la grande armée qui fait le siège de Dantzig (19 mars-27 mai) auquel il assiste à partir du13 mai. Après la chute de la place il effectue des saisies dont le Jugement dernier de Memling. Il saisit des livres au gymnase d’Heilbing le 12 juin.
Il est à Tilsit le 29 juin , lieu où se déroulent les négociations du traité de paix suite à la victoire de Napoléon à Friedland le 14 juin. Le traité est signé le 9 juillet après la première rencontre entre le tsar Alexandre 1er et Napoléon sur une barge au milieu du Niemen le 25 juin. Denon est de retour à Paris en septembre 1807.
Le bilan des saisies peut se résumer ainsi : Cassel doit livrer 299 tableaux, parmi lesquels ses admirables Rembrandt; Schwerin en fournit 209, Dantzig 1, Varsovie 6, enfin le duché de Brunswick paye un tribut de 9 bustes, 74 petits bronzes, 83 ivoires, 38 objets indiens et chinois, 70 objets sculptés en bois, 15 objets en terre de Chine, 243 dessins et gravures, 70 médailles en argent et en bronze, 400 volumes de la bibliothèque Wolfenbüttel, enfin 278 tableaux de la galerie Saltzdahlen, déjà tout emballés par le précautionneux duc, qui voulait les envoyer en Angleterre.
Il est à noter que les chaix artistiques de Denon pour les prélèvements ont étonné aussi bien les conservateurs allemands que les français à la réception des caisses. La présence des primitifs allemands inconnus en France et méprisés en Allemagne comme par exemple Dürer et Cranach, combleront un vide significatif dans les collections du Musée Napoléon. Il en est de même pour la part significative de primitifs italiens.
Certains peintres de second rang en Allemagne ont été dépités de ne pas avoir été « choisis » car leurs oeuvres auraient eu une visibilité significative à Paris.
Sources : l'Oeil de Napoléon, articles de Bénédicte Savoy sur Dominique Vivant Denon et Benjamin Zix et de Regis Speigel (op.cite)
Catalogue des prélèvements de Denon en Allemagne
Denon à Cassel

Les campagnes napoléoniennes en Allemagne
Le but de Pitt, premier ministre britannique, est d'éloigner la menace que Napoléon fait planer sur l'Angleterre depuis le camp de Boulogne. Il y réussit par le financement de la coalition et prévoit la jonction des troupes autrichiennes et russes en Bavière. Napoléon devance les projets de ses adversaires. Dès le , l'armée des Côtes de l'Océan devenue la Grande Armée, constituée de 183 000 hommes, s'achemine à marche forcée vers le Rhin. Une autre armée de 50 000 hommes sous les ordres de Masséna et d'Eugène de Beauharnais, opère à partir de l'Italie. Deux corps expéditionnaires des coalisés sont acheminés vers le Hanovre avec 40 000 Russes, en attendant des renforts suédois et britanniques, et vers le royaume de Naples avec 30 000 Russes et Britanniques. L'Empire d'Autriche déploie une armée sur le Danube qui, une fois rejointe par des renforts russes, doit atteindre 180 000 hommes, et une autre en Italie du Nord avec 142 000 Autrichiens commandés par l'archiduc Charles d'Autriche. Un autre archiduc, Jean d'Autriche, à la tête de 53 000 hommes, reste à la charnière de l'Empire et de l'Italie.
Napoléon envisageait une attaque au centre du dispositif allié, tandis que Masséna et Gouvion Saint-Cyr devaient contenir les coalisés en Italie. Les Autrichiens décident d'attendre Napoléon en Forêt-Noire, mais ce dernier opère un vaste mouvement tournant de manière à couper les Autrichiens de leurs alliés russes. En septembre, la Grande Armée avait franchi le Rhin, puis le Main. Ney remporte une victoire sur Mack à Elchingen et parvient à l'enfermer dans Ulm. Mack capitule le . C'est une victoire éclatante pour Napoléon mais il lui reste à affronter les Russes de Koutouzov et les armées de réserve autrichiennes.
L'annonce de la défaite de Trafalgar et l'entrée imminente de la Prusse aux côtés des coalisés obligent Napoléon à faire vite pour éliminer définitivement l'Autriche. Le , le royaume de Naples déclare la guerre à la France, ce qui rend la position des troupes françaises en Italie inconfortable, puisque menacée au nord et au sud. À la nouvelle de la défaite d'Ulm, l'archiduc Charles est contraint de se replier sur Vienne mais il est retardé par le harcèlement des troupes de Masséna. Après avoir surpris les ponts de Vienne le , la Grande Armée entre en Moravie mais elle ne peut empêcher la jonction des troupes de Koutouzov avec celles d'Alexandre et de Ferdinand d'Autriche-Este. Le , malgré son infériorité numérique, Napoléon inflige une défaite humiliante aux coalisés à Austerlitz, après un chef-d'œuvre tactique. Les Russes se retirent en Pologne tandis que l'Autriche demande la paix. L'armistice est signé le à Poznań le 27.
Dix ans après le dernier partage de la Pologne, dans toutes les villes, dans toutes les campagnes, les soldats de Napoléon sont accueillis en libérateurs11, d'autant que parmi eux se trouvent les anciens des légions polonaises de l'armée d'Italie de Dombrowski. L'insurrection des provinces polonaises contre l'occupant prussien ou russe fournit à Napoléon 30 000 hommes.
Devant Varsovie, les Russes se dérobent et refusent de livrer bataille. Murat s'empare de Praga faubourg de la capitale, et les poursuit sur le Boug. Les Russes détruisent les ponts derrière eux. Bien que plus petit que la Vistule, le Boug est à cet endroit aussi fort que la Seine à Paris, la reconstruction des ponts sera un travail considérable.
Le 28 novembre au soir, Murat entre à Varsovie. Il est rejoint par Davout le 29. Le 6 décembre, plus au nord, Ney passe la Vistule dont le cours est encombré de glace et entre à Thorn. Le général Dulauloy est nommé gouverneur de la ville.
Deux traités signés à Poznań, le premier le 11 décembre avec Frédéric-Auguste III de Saxe, devenu le 6 août précédent, par la volonté de Napoléon, roi de Saxe, sous le nom de Frédéric-Auguste Ier de Saxe, et le second signé le 15 décembre avec les cinq duchés saxons fournissent 8 800 hommes.
L'armée du prince Jérôme, composée de divisions bavaroises et wurtembourgeoises, est devant Głogów, capitale de la Basse-Silésie. La ville est entourée de bonnes fortifications. Jérôme fait construire des batteries autour de la place et laisse le général Vandamme continuer le siège pour se porter sur Breslau (aujourd'hui Wrocław), à la rencontre des Russes. La ville se rend le 29 décembre, dès le début du bombardement. 2 500 hommes, 200 canons et de nombreux magasins sont le résultat de cette conquête.
Parti le 9 décembre de Poznań, Napoléon arrive le 18 à Varsovie. Ce jour Davout passe le Boug. Augereau passe la Vistule à Utrata (pl). Soult traverse à Wyszogród. Face à eux se trouve l'armée russe, commandée par Kamenski, âgé de 70 ans et presque infirme.
Obligé d'hiverner en Pologne, Napoléon passe ainsi tout le mois de janvier à Varsovie où il donne des soirées, bals et réceptions et rencontre la comtesse Walewska. C'est que l'armée française a également bien besoin de repos. Ses pertes lui interdisent de poursuivre l'armée russe. Elle se replie alors sur la Vistule pour se reformer et recevoir les renforts de France. Heureusement, de mémoire de Polonais, jamais la météo n'a été aussi clémente. Pour les Français, la température est plus douce qu'à Paris en cette saison.
Le , à la bataille de Golymin l'armée russe de Galitzine échappe à Murat, tandis que le même jour, à la bataille de Pułtusk, celle de Bennigsen échappe à Lannes. Les deux armées russes se retirent sur Ostrołęka, laissant dans ces deux batailles 12 000 morts, blessés ou prisonniers et 80 canons, les Français pour leur part ne déplorent que 800 morts et 2 000 blessés. La résistance du général Galitzine, combinée à l'échec de Soult à contourner le flanc droit russe, fait perdre à Napoléon une chance de rattraper les lignes russes et de les emprisonner devant le fleuve Narew.
La Grande Armée se dirige alors vers le nord pour prendre la nouvelle capitale du roi de Prusse, Königsberg. Victor se met en marche le 8 janvier pour faire le siège de Colberg et de Dantzig.
Les Russes se dérobent à plusieurs reprises pour livrer, les 7 et , la sanglante bataille d'Eylau où ils sont vaincus et abandonnent le champ de bataille. Après cette victoire, l'armée française reprend ses quartiers d'hiver. L'empereur passe les mois de mars, avril et mai à Ostróda puis à Finckenstein15, où il reçoit les ambassadeurs de Turquie et de Perse, jusque-là alliés de l'Angleterre. Le 4 mai, il signe le traité de Finkenstein avec la Perse.
Au printemps, les Russes prennent l'initiative avec une offensive devant surprendre les Français et faire lever le siège de Dantzig, mais le 19 mai, la ville se rend après deux mois de siège, au général Lefevbre, fait duc de Dantzig en récompense de sa victoire.
L'armée française contre-attaque. Le 10 juin, à la bataille d'Heilsberg, au prix de lourdes pertes, une charge impressionnante de la cavalerie de Murat contraint l'armée de Bennigsen à se replier. Les Français les poursuivent et le 14 juin, remportent une victoire décisive à la bataille de Friedland.
Vaincu, Alexandre Ier souhaite gagner du temps dans la guerre contre les Français. De son côté, Napoléon, au sommet de sa gloire, espère en finir avec la résistance du Royaume-Uni en associant la Russie au blocus continental destiné à ruiner l'économie britannique.
Le , les deux souverains se rencontrent pour la première fois, sur un bateau au milieu du Niémen. Deux jours plus tard, l'Empereur et le Tsar reçoivent le roi de Prusse.
Le traité de Tilsit est signé les 7 et . Napoléon est de retour à Paris le 27 juillet. C'est la fin de la Quatrième Coalition.
Source Wkipedia

Les interlocuteurs de Denon en Allemagne
Johann Gottfried Schadow
Johann Gottfried Schadow (20 mai 1764 - 27 janvier 1850) est un dessinateur et sculpteur prussien. Avec son élève Christian Daniel Rauch, il fut le représentant le plus important du classicisme allemand et le fondateur de l’École de sculpture de Berlin. Ses œuvres majeures comprennent la tombe du comte Alexander von der Mark (1790), le quadrige de la porte de Brandebourg (1793) et le groupe des princesses (1797) à Berlin, le monument Blücher (1819) à Rostock et le monument Luther (1821) à Wittenberg. Un mémorial important pour l’artiste est le Schadowhaus à Berlin.
En 1777, Schadow quitte l’école pour apprendre le dessin par Madame Tassaert. À l’automne 1778, il décide de devenir sculpteur et devient l’élève du sculpteur de la cour prussienne Jean Pierre Antoine Tassaert, auprès duquel il apprend toute la technique sculpturale. En 1778, il commençe ses études à l’Académie des Arts et assiste à la classe de nu.
En juin 1785, il vient à Venise, en juillet, puis Florence et enfin Rome. Là, il rejoint l’atelier d’Alexander Trippels pour une courte période, mais préfère ensuite se consacrer à l’étude de l’antiquité. L’année suivante, il reçoit le prix de l’Académie romaine avec l’ensemble Perseus frees Andromeda. Il était ami avec le peintre allemand Heinrich Füger, le sculpteur autrichien Franz Anton von Zauner et le sculpteur italien Antonio Canova.
Le 25 août 1785, il épouse Marianne (« Mattel ») Anna Augustine Devidels (née le 17 décembre 1758 à Prague, morte le 9 novembre 1815 à Berlin), fille du bijoutier viennois Samuel Devidels (1731-1790). À Rome, Schadow se convertit au catholicisme, sa femme était catholique depuis 1779. En 1786, leur fils Karl Zeno Rudolf (Ridolfo) Schadow est né à Rome, qui est devenu son élève et plus tard un sculpteur à succès lui-même.
Après son retour à Berlin en 1787, Schadow se reconvertit au protestantisme, notamment pour pouvoir obtenir un emploi dans la fonction publique prussienne. Il devient d’abord peintre sur porcelaine à la Manufacture royale de porcelaine. Le professeur de Schadow, Tassaert, mourut en janvier 1788. En conséquence, Schadow a repris la dernière commande de Tassaert sur ordre du roi: la tombe du comte von der Mark, mort à un jeune âge, dans la Dorotheenkirche. Ce faisant, il a remplacé la forme plus stricte, basée sur l’antiquité, par l’art désormais superficiel du rococo. Toujours en janvier 1788, il est nommé membre à part entière de l’Académie des arts. Il devient professeur de sculpture et l’un des cinq recteurs. En février, son père meurt. En septembre, nait le deuxième fils Friedrich Wilhelm, qui est devenu un peintre bien connu. À l’automne 1788, Schadow succède à Tassaert. Il est nommé chef de l’atelier de sculpture de la cour et directeur des sculptures à l’Oberhofbauamt. La collaboration avec Carl Gotthard Langhans, directeur de l’Oberhofbauamt, a donné lieu à de nombreuses créations communes.
En 1793, Schadow a créé le quadrige pour la porte de Brandebourg nouvellement construite, qui a été réalisé en cuivre de 2 mm par le forgeron Emanuel Ernst Jury à Potsdam. Pour la Monnaie de Berlin sur la place Werderscher, construite en 1798-1800, il a créé la frise de 36 mètres de long.
En octobre 1802, Schadow rend visite à Goethe à Weimar pour préparer une sculpture à son image. Cependant, cette visite n’a pas eu le succès escompté. À cette occasion, Schadow a créé un buste de Christoph Martin Wieland.
En avril 1805, il devient vice-directeur de l’Akademie der Künste. En juin, lui et sa famille ont emménagé dans leur nouvelle maison à l’emplacement de l’actuelle Schadowstraße 10/11 à Berlin-Mitte, qu’un maître d’œuvre inconnu avait construite pour lui aux frais de l’État. Le bâtiment classique est l’une des rares maisons de ville de cette période qui a été préservée. Schadow y vécut jusqu’à sa mort en 1850.
En 1806 c’est lui qui reçoit Denon à Berlin pour négocier les « prélèvements » (voir infra)
En 1814, Schadow fonde le Berlinischer Künstlerverein et en devint le président. Après avoir été nommé directeur de l’Académie royale prussienne des arts en 1816, il reste à Berlin.
En 1815, Schadow devient veuf. En 1817, il épouse Caroline Henriette Rosenstiel (1784-1832), fille de Friedrich Philipp Rosenstiel. Ils eurent quatre enfants, nés entre 1818 et 1824. Dans les années suivantes, il se rend à Dresde (1820), à Wittenberg pour le dévoilement de son monument à Luther (1821), à Wittenberg (1822) et avec son frère Rodolphe à Hambourg et Lübeck (1823). Après la naissance de son plus jeune enfant Julius (1824), il devint également plus actif politiquement et fut élu député de Berlin en 1827.
Avec son fils Félix, il entreprend plusieurs voyages à Leipzig (1835). En 1836, Schadow dut subir une chirurgie oculaire. La limitation de la vue était un handicap douloureux pour son travail artistique, qui peignait et travaillait avec ses yeux. Il ne savait que dessiner et était peu actif en tant que sculpteur.
En 1839, Schadow demande sa retraite pour des raisons d’âge. Refusée, on lui assigne un directeur adjoint. Schadow s’occupe également d’histoire et devient donc membre du Verein für Mecklenburgische Geschichte und Altertumskunde en 1840. Schadow était particulièrement fier lorsque son fils Wilhelm – d’abord son élève, plus tard un peintre important – a été élevé à la noblesse héréditaire prussienne. En 1846, Schadow retourne à Dresde.
Schadow était encore productif dans la vieillesse. Vers la fin de sa vie, il écrivit ses mémoires. En 1849, il publie les Kunst-Werke et Kunst-Ansichten (Œuvres d’art et vues d’art). Schadow mourut paisiblement entouré de ses enfants le 27 janvier 1850 à l’âge de 85 ans à Berlin.
Schadow a toujours défendu la conception classique et naturaliste de l’art. À partir de 1800, il se voit en conflit constant avec la conception idéaliste romantique émergente de l’art, incarnée par ses élèves. Son élève le plus important était Christian Daniel Rauch. D’autres étudiants importants furent ses fils Rudolf et Wilhelm ainsi que Christian Friedrich Tieck, Emil Wolff, Theodor Kalide, Karl et Ludwig Wichmann. C’est le cas de Karl Friedrich Schinkel, par qui il a été contraint de quitter la direction de l’Oberhofbauamt.
Comme on le sait, Schinkel s’est de plus en plus libéré du langage formel académique classiciste avec des conceptions pour l’architecture. Initialement, Schadow avait fait la décoration sculpturale des bâtiments conçus par Schinkel dans le style classique. Peu à peu, cependant, Schadow a été mis à l’écart par les nouvelles tendances artistiques et a ensuite été commandé par la famille royale prussienne avec seulement quelques œuvres.
Schadow se détourna de plus en plus de l’ancien langage formel classique et se tourna vers le nouveau langage romantique, sans jamais l’abandonner complètement. Cela a eu lieu après la mort de Frédéric-Guillaume II en 1797, qui avait été le mécène et le mécène de Schadow.
Temoignage de Shadow dans sa correspondance
Johann Gottfried Puhlmann
Johann Gottlieb Puhlmann (1751–1826), peintre prussien et directeur de la galerie de peinture du chateau de Sans Souci. Historien de lArt
Lettre de Puhlmann à Fréderic Guillaume III le 10 mars 1810 - Compte rendu des rencontres avec Denon (10- 30 novembre 1806)
Ludvig Wölkel (1762-1829)
Directeur du musée Friedericianum à Cassel
Le Fridericianum est un musée situé à Kassel, dans le land de Hesse, en Allemagne. Achevé en 1779, le bâtiment a été dès le départ l’un des premiers musées d’art publics du continent européen pour les objets d’art collectés par les landgraves de Hesse et abritait également la bibliothèque princière. Dans le Royaume de Westphalie, le Fridericianum fut de 1810 à 1813 Palais des États avec la salle du Parlement.
Après que les anciennes fortifications de la ville de Cassel soient devenues superflues pendant la guerre de Sept Ans, le landgrave Frédéric II a commencé à lesdémolir en 1768. Sur la zone libérée entre la vieille ville et l’Oberneustadt, la Friedrichsplatz a été aménagée comme un lien urbain. Sur son côté principal, la construction du musée a commencé en 1769 afin de permettre une exposition publique des collections d’art du landgrave dans l’esprit des Lumières. Bien que le Fridericianum ne soit pas le premier musée public, il est considéré comme le premier bâtiment à être conçu comme un musée dès le début.
À l’époque du Royaume de Westphalie, le Fridericianum a été transformé par le frère de Napoléon Jérôme Bonaparte et son architecte Auguste Henri Victor Grandjean de Montigny en 1810 en « Palais des États » et a été le lieu de réunion des États impériaux du Royaume de Westphalie. Il est également considéré comme le premier bâtiment du parlement allemand.
Déjà sous le landgrave Moritz, il y avait un cabinet de curiosités séparé dans les écuries nouvellement construites à la Renaissance. Avec la croissance de la collection et l’expansion constante de la bibliothèque de la cour, de nouvelles salles de collection sont devenues nécessaires. Le nouveau musée abritait les collections d’art du Landgrave. Une description des collections est conservée dans une lettre d’Hector Wilhelm von Günderrode de 1781. Au rez-de-chaussée se trouvait la collection d’antiquités commencée par le landgrave Frédéric II, y compris l’Apollon de Kassel. La collection d’histoire naturelle avec l’éléphant empaillé de la ménagerie, qui se trouve maintenant dans l’Ottoneum, a également trouvé sa place ici. Il y avait aussi une vaste collection de modèles en liège de bâtiments anciens. En plus de la vaste bibliothèque, l’étage supérieur abritait la collection d’armes et de figurines de cire des landgraves historiques de Hesse. Le Zwehrenturm a obtenu une nouvelle salle d’observation avec l’attachement octogonal et abritait la collection astronomique-physique. La plupart des objets exposés font maintenant partie de la collection de la Museumslandschaft Hessen Kassel
Extrait du rapport sur les evenements au musée pendant la période d'occupation napoléonnienne
Johann Friederich Ferdinand EMPORIUS
Johann Ferdinand Friedrich Emperius (23 janvier 1759 - 21 octobre 1822) était un professeur allemand, directeur de musée et conseiller privé de Brunswick. Philologue érudit, angliciste et pédagogue reconnu (il fut le professeur d'anglais du jeune Henri Beyle, futur Stendhal, lors de son séjour à Brunswick en 1807-1809).
Fils d’un administrateur de poste, il étudie la théologie et la philosophie à Göttingen à partir de 1776 avant de partir en Angleterre pendant plusieurs années pour étudier à l’université de Cambridge. Johann Ferdinand Friedrich Emperius a été admis à la loge maçonnique de Brunswick « Carl zur gekrönten Säule » en 1781. Il retourne à Brunswick en 1788, où il devient professeur titulaire de littérature classique au Collegium Carolinum. En 1801, il est nommé conseiller à la cour (Hofrat).
En septembre 1806, Emperius est nommé directeur du cabinet d’art ducal et d’histoire naturelle, précurseur de l’actuel musée Herzog Anton Ulrich, à Brunswick. À l’époque du royaume de Westphalie, il enseigna l’histoire et l’anglais au Collegium Carolinum, transformé en école militaire. En 1813, il reçut un chanoine au Cyriakusstift. Après la fin du règne napoléonien, Emperius milite pour la restauration du Collegium Carolinum, dont il devient co-directeur en 1814. Il a accepté un poste d’enseignant de littérature classique et anglaise.
Pendant l’occupation napoléonienne, un grand nombre de trésors artistiques de toute l’Europe, y compris la bibliothèque Wolfenbüttel Herzog August et la galerie de gravures de Salzdahlum, ont été amenés à Paris pour être transférés au « Musée Napoléon », fondé en 1803. Le « voleur d’art par la grâce de l’empereur », le baron Dominique Vivant Denon, a inspecté les collections Brunswick pendant plusieurs jours pour sélectionner les pièces les plus précieuses. Les caisses du butin atteignirent Paris en 1807. Ce n’est qu’après la défaite de Waterloo en 1815 que des commissaires, dont Emperius, se rendirent à Paris de toute l’Europe pour identifier et restituer le butin. C’était difficile car les objets d’art se trouvaient non seulement au Louvre, mais aussi dans les musées de province, les châteaux et les églises. Les peintures de la galerie Salzdahlum, qui ont été rendues à Brunswick avec peu de pertes, ont été réunies aux collections du Kunst- und Naturalienkabinett dans l’ancien monastère paulinien.
Emperius était marié à Dorothea Sophie Henriette Eisenbiel (1771-1820). Il mourut à Brunswick en 1822.
Benedicte Savoy a publié en 1999 Remarques sur le vol et la restitution des oeuvres d'art et des livres précieux de Brunswick 1806-1815 - Avec divers témoignages sur les saisies d'art opérées en Allemagne par Vivant Denon - La Vouivre 1999.
En voici quelques extraits des lettres d'Emperius
L'avant-dernière semaine du mois de décembre 1806 arriva à Brunswick le commissaire français annoncé précédemment, Monsieur Denon, que son maître avait chargé d'envoyer à Paris une sélection de nos meilleures œuvres d'art. Si la tâche qu'il devait exécuter ici n'avait pas été aussi haïssable, j'aurais été très heureux de faire plus ample connaissance avec lui. Monsieur Denon était célèbre comme artiste, comme connaisseur d’art, comme directeur de la plus grande collection des œuvres les plus magnifiques qui aient été jamais été rassemblées comme voyageur, comme écrivain, et se distinguait en tout cela. L’agrément que l'on trouvait à commercer avec lui, l’expérience du monde qu'il avait acquise ainsi que son habileté, le recornmandaient tout autant que son goût raffiné et les connaissances variées, bien que parfois peu approfondies, qu’il possédait. Parmi tous les artistes et les érudits français, lui seul avait su obtenir ses entrées chez l’orgueilleux despote, qui depuis qu’il était empereur n’avait rien cherché plus instamment qu'à s'isoler et à tenir à distance ses fréquentations antérieures. Mais c'est en ravisseur de nos trésors d'art que cet homme si intéressant venait à Brunswick, où par conséquent il n'était rien moins que bienvenu. Il se fit néanmoins un mérite d'accomplir sa mission avec beaucoup de politesse et, comme il le disait lui-même, dans les formes les plus amènes.
Il sembla au début vouloir limiter ses prétentions à un petit nombre d’articles; mais lorsqu'on eut commencé à enlever des œuvres, il trouva de plus en plus d'objets qui à son avis méritaient d'être emportés aussi à Paris. Il se laissa cependant à de nombreuses reprises influencer par les représentations qu'on lui faisait de laisser tel ou tel objet ici.
Je pus, dans certains cas, tirer parti de mon séjour antérieur à Paris pour lui rappeler que des œuvres d'art semblables. et sans doute également de plus grande qualité que celles qu'il voulait nous prendre, se trouvaient dans les collections parisiennes. Lors des sélections, Monsieur Denon était toujours accompagné de quelques observateurs désignés par l'intendant, qui devaient surveiller s'il recueillait suffisarnment de butin pour Napoléon, et s'il n'était pas trop sensible aux objections que lui faisait la direction du musée. S'il prit certaines pièces. ici et à Salzthalen, ce ne fut de toute évidence plus pour la valeur que lui-même leur accordait, mais pour celle que d'autres y voyaient: et pour que l'on ne put pas l'accuser d'avoir agi avec trop de modération. Les prélèvements furent du reste exécutés de façon très régulière et méthodique: on voyait que Monsieur Denon avait acquis une grande maîtrise en la matière. Il examina les armoires er les magasins très attentivement : mais il nt put se servir de nos catalogues écrits en allemand.
Son secrétaire dut noter les articles sélectionnés, en faire une liste pour le directeur général et porter celle-ci dans nos catalogues. Le tout donna ensuite lieu à la délivrance d 'un reçu en bonne et due forme.
La première saisie toucha les dessins de notre musée. Les dessins sont la passion de Monsieur Denon qui est comme chacun sait l'un des meilleurs dessinateurs en France. et qui a rassemblé au fil de ses voyages, en particulier lors d'un long séjour à Naples, une collection excellente et très riche de dessins originaux de grands maitres, que j'ai par la suite admirer à Paris. Il trouva dans notre collection près de trois cent cinquante pièces dignes selon lui d'être intégrées à la collection du musée de Paris.
De nos antiquités. il préleva, six bustes. et quelques soixante figures plus petites. Je parvins par mes objections à conserver pour le musée quatre admirables bustes de bronze. Dont les objets se trouvaient en marbre .à Paris. Parmi ces bustes on trouve le bel Homère et l'encore plus bel Euripide ; ce dernier avec une authentique épigraphe. Cependant, Monsieur Denon trouva bon de déclarer, en présence de ses gardes, que ces quatre œuvres, de toute évidence antiques, étaient des copies modernes. Lorsque nous eûmes fait plus amplement connaissance, à la faveur principalement de fréquentes conversations sur l'Egypte, et sur les voyages que Monsieur Denon y fit,- je trouvai fort heureusement au musée un exemplaire de son Voyage en Egypte- mes objections faites dans le but d’éviter le départ de quelques œuvres d'art, eurent plus d'effet.